Ils sont passés comme des étoiles filantes au dessus de la planète folk. C'était au printemps de l'année 2008... Personne ou presque ne les a vus mais Marie-Claire Balabanian et sa bande ont pourtant produit en cette année là une belle musique dépouillée et psychédélique.


Tout est question d'astres et d'horizons chez Speck Mountain. En témoignent des titres évocateurs comme "Summer Above", "Hey Moon", "Girl Out West", "Midnight Sun", ou encore "Fjord Song".
En fait, on pourrait même parler de musique naturelle au sens propre du terme. Une nature qui serait bienveillante sans être austère, une nature distillant une chaleur apaisante et curative. Ici la réverbération des guitares ne souffle pas le froid mais instaure comme une forme d'apesanteur: on est à la fois sur et autour de la Terre, constamment en mouvement, constamment sur le départ.


Au delà de la voix tendre de Marie-Claire Balabanian, une basse, quelques percussions, un mellotron rare et quelques cuivres s'invitent et contribuent à cette ambiance zen, évoquant autant un trip hippie des seventies qu'un tour du monde en scaphandre spatial... Tout cela est captivant, assez intense mélodiquement, et c'est avec un plaisir certain qu'on se laisse bercer par ces 7 comptines éthérées qui s'étirent parfois au delà de 5 minutes.


Alors bien sûr on pourrait parfois émettre un léger bémol quant à la qualité d'écriture du quatuor, notamment à propos d'un "Chlorine Fields" (morceau de clôture) un peu longuet et irritant, parce qu'il se complait dans un bruitisme expérimental de mauvaise augure après une telle plage de douceur...
Mais Summer Above s'apprécie surtout pour la fraîcheur qu'il dégage, et aussi pour ce joli croche-pied qu'il fait aux productions folk du moment, engluées qu'elles sont dans un songwriting conventionnel et souvent paresseux.
On est loin ici d'un gling gling pleurnichard ou d'une fragilité de pacotille: en fait on est loin de tout, tant la musique de Speck Mountain semble plus minérale qu'humaine, presque extra terrestre en fin de compte !

Francois-Corda
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le 28 août 2018

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François Lam

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