Les Grenoblois de Melk ont un talent fou. On le sait depuis leur première démo, confirmé par un album éponyme brillant. Dans un monde qui appelle à l'étiquetage, on pouvait leur reprocher leur positionnement hésitant, entre rock circonspect, electro-pop visionnaire et post-rock cinématique. Avec Super 8, Melk propose un second album plus uni, toujours de qualité supérieure. Les titres ainsi sont plus courts (Queen for a day 2'20), souvent plus immédiats (Love is a soap opera, petit carrousel électronique autour d'une guitare acoustique). Melk semble avoir trouver le ton juste et le moyen de cadrer ses envies de dérive post-rock : ils coupent en deux parties L'astéroïde, faisant de la seconde une belle extension musicale. On pense à Archive (et ils sont rares ceux qui peuvent être comparé à ces Anglais) pour ce jeu permanent entre l'évidence de la pop et cette ambition formelle. ( Rappelons-nous qu'un des Melk sévit dans le collectif Rien ). On pense aussi à Lali Puna voire à Frigo pour cette vision d'une pop qui marie programmations actuelles et guitares. Et si Melk délaisse souvent la batterie au profit de programmations, c'est pour mieux retrouver ensuite le contact des baguettes sur les peaux de fûts et le métal des cymbales (Aux Armes). On a l'impression qu'avec ce groupe, chaque son est pesé et mérite en soi une attention. Comme sur In a train, chef d'œuvre et je pèse mes mots, où se mêlent le son grave et diffus d'une contrebasse et le pincement aigu d'un clavecin. Melk sait aussi choisir son moment pour activer sa batterie et lâcher ses guitares. Avec cet album, Melk entre dans un sérail fréquenté seulement de l'élite.