Quand Super Forma débarque en 2013, on est complètement choqué par le raffinement et la sophistication de ce premier album indé produit par un mec dont on a évidemment jamais entendu parlé. Succès d'estime, malheureusement peu relayé sur les scènes de SMAC et des festivals qui l'ont un peu boudés, on a du se contenter de le voir dans des formations live assez restreintes qui ne rendaient pas forcément justice à la complexité de ses disques.
Ce que Orval Carlos Sibelius propose sur ce disque, c'est une approche personnelle et totale de la pop psychédélique dans ce qu'elle peut proposer de mieux. Des arrangements savants, déroutants, appelants une transe inédite mais une écriture directe et touchante, faites de tubes déchus et réservés aux croisés de la mélodie parfaite. Avec des effets de guitares et de micros plein de reverb' et de flanger, des clavecins et des effets de bandes inversées, il donne dans un premier temps l'impression de s'inscrire dans une tradition fin 60's proche d'un early Pink Floyd ou d'Os Mutantes. Mais dès Asteroids, il quitte la révérence pour montrer son assimilation intemporelle du genre en y incluant les murs du son développé depuis le shoegaze 90s jusque chez Tame Impala.
Avec des hits indés comme le très Syd Barrett Desintegraçao et son refrain immédiat, le supersonique Good Remake ou l'aérien et doux Spinning Round, le disque a très bien vieilli et s'inscrit dans notre rotation dans la durée. Il a également le mérite d'être bien construit, incluant des pauses instrumentales plus récréatives (Super Data) qui permettent du relief entre deux pépites mélodiques et l'insertion de phases expérimentales comme le sombre Cafuron qui succède la coupure abrupte du trip puissant de Archipel Celesta.
Délicat dans ses instrumentations, référencé et moderne, auteur savant, Orval Carlos Sibelius a cet art unique de rendre tubesque des arrangements complexes. Un vrai faiseur de tubes pour gens compliqués, et un grand disque qui mérite que l'on ne l'oublie pas.