La figure de Devendra Banhart ne laisse pas indifférent. Adulé tel le Christ par certains, méprisé comme usurpateur par d’autres, l’Américain a ses fans et ses détracteurs. Avant de devenir trop lassant pour tout le monde et de voir risquer son aura se dégonfler comme une baudruche, Banhart botte en touche et revient avec un projet neuf ; une petite récréation qu’il s’accorde sous une nouvelle identité. Jack White a ses Raconteurs, Banhart aura son Megapuss, un vrai groupe où il retrouve Gregory Rogove de Priestbird en co-auteur et quelques amis dont Fabrizio Moretti, batteur des Strokes, en musiciens invités. Il faut les voir poser sur la pochette, Devendra et Gregory, transformés pour l’occasion en hommes des cavernes, comme une image sauvage d’un vrai retour aux sources. On savait Banhart plutôt tourné vers le passé ; pour lui Megapuss est l’occasion d’explorer une face plus pop-rock de sa revival attitude.
Dans le sens large, Surfing pouvant regrouper toute l’affiche de Woodstock en un seul disque. Et même ceux qui n’étaient pas là, comme les Doors ( Hammam a un petit côté People are strange). Le disque trace une ligne pas vraiment droite entre musique hippie, west coast (l’ensoleillé Theme to hollywood), black (Chicken Tilz réconcilie Stax et Motown) avec une joie de jouer communicante et une fraîcheur sans pareille. En 1’47, Megapuss peut sortir un tube jouissif (Adam and steve dont le solo de guitare rappellera Careless whispers !) avec une facilité déconcertante. Même les morceaux engagés ressemblent à une pochade de gamins irrespectueux (sur la musique du classique I want Candy, A gun on his hip and a rose devient un chant de guerre anti-homophobe). Sans avoir l’air de se prendre la tête, Banhart et Rogove sortent un disque réjouissant et porteur d’une vraie énergie positive.