A l’écoute de ce premier album de Surgical Beat Bros, on peut se dire que le monde n’est pas encore prêt pour une telle musique. A part quelques individus familiers de ce genre d’outrances ayant déjà confronté leur oreilles à des groupes aussi radicaux qu’An Albatross, Aphex Twin ou Atari Teenage Riot. Surgical Beat Bros ne ressemble, à proprement parler, à aucun de ses trois créatures horrifiques transformés en groupe, mais s’en rapproche dans la démarche. Il faut dire que les deux membres qui composent le duo ont chacun un sacré pedigree : Antonio Zitarelli est membre du groupe afro-core Mombu et du groupe jazz-core Neo. Fabio Recchia joue des synthés de la basse avec les agités de No hay banda trio. Surgical Beat Bros fait donc une musique hors-normes marqué par, l’excès. Entre glitch et guitares hardcore, les rythmiques assènent ses coups à la manière d’ Attila et de ses hordes barbares déboulant tels des éléphants dans un magasin de porcelaine. Car l’album, dont on sent les influences de la musique africaine, du jazz, de l’électronique et de l’indus, a les atouts rythmiques pour faire groover mais les Italiens en propose un mélange monstrueux (au sens littéral du terme) avec des sons extrémistes, distordus et saturés. Pris entre quatre feux, l’auditeur a le sentiment de se retrouver dans un dédale inextricable entouré de fils barbelés. Fort, en terme d’expérience sonore, difficile d’accès musicalement. Le groupe s’assagit enfin sur Robo Wet Love, proposant là son morceau le plus complexe et intéressant, en donnant le fil mélancolique d’un nappe synthétique pour trouver la sortie de ce labyrinthe. Un très bon morceau dans un disque que l’on laissera aux initiés.