Monogrenade est annoncé comme la rencontre de Radiohead et de Dominique A. Pas faux. Les Québécois proposent surtout une musique riche d'harmonies et d'atmosphères ambivalentes. Top !
Au début, on a eu quelques a priori avec les artistes Québécois, la faute à quelques chanteuses s'époumonant plus que de raison avec des trémolos dans la voix. à‡a c'était avant car depuis quelques années et certains québécois attachants (de Karkwa à Tricot Machine en passant par Montag), notre vision a nettement évolué. Monogrenade a tous les atouts pour enfoncer le clou et faire remonter en grâce l'image que l'on peut avoir de la musique venant de la Belle Province. Chanteur du quatuor Montréalais, Jean-Michel Pigeon s'exprime d'ailleurs en français, avec accent marqué, sans que cela ne pose problème. Il faut dire que son interprétation, se complaît dans le clair-obscur et dans un mixage qui fait corps avec les instruments. Discret et non moins sensible.
Et c'est justement dans sa richesse d'arrangements que Monogrenade remporte la partie"Haut la main" pourrait-on dire car le savant mélange proposé a de quoi séduire : programmations électronicas, piano de concert, cordes en veux-tu en voilà , sans oublier des guitares distillées avec goût, rien ne manque pour créer une musique aux strates savamment enchevêtrés. D'abord dans la pénombre, les mélodies prennent de l'ampleur et jaillissent dans une émotion grand train. Monogrenade n'a pas peur dès lors de la répétitivité tant qu'ils peuvent donner de l'épaisseur et de la matière à leur instrumentation hybride (La marge, Ce soir). Les arrangements de cordes savent se montrer audacieux pas si éloigné d'un Steve Reich et participent à rendre originale l'alchimie des Canadiens. D'un autre côté, les sonorités sont naturellement belles (D'un autre oeil, La fissure), comme si Monogrenade soignait à la fois le moindre détail et l'ensemble de sa toile. Ce même genre d'ambition habite Radiohead et le parallèle entre les deux groupes peut être vraiment fait à ce niveau et cette position médiane entre classicisme et modernité. Avec ses allures Notwist, Obsolète peut-être à la fois un titre pour club branché que pour son salle de concert enfumé.
En revanche, Monogrenade, nous ayant trop bien habitué, déçoit in fine sur quelques morceaux, comme si le groupe n'avait pas su tenir la distance : un ou deux titres plus simples et dès lors nettement plus pauvres par rapport à la richesse précédente., Passe encore, Immobile et son côté , folk plus naturellement bucolique rappelant les vétérans d' Harmonium mais, De toute façon a tout de la petite ritournelle sans intérêt., Allez, on oublie cet écueil et on félicite un Monogrenade qui explose chez nous avec un fameux Tantale.