Ils ne sont pas si nombreux les albums qui allient puissance et élégance et ce nouvel opus de Wovenhand en fait partie. Le groupe de David Eugene Edwards (de 16 Horsepower, faut-il encore le rappeler) réussit là où The Mission avait en partie échoué. Débarrassé d’un certain maniérisme vain et de scories de musique gothique - ce qui a toujours nuit à Wayne Hussey et ses missionnaires, les Américains arrivent à insuffler du souffle à leur musique sans faire dans l’héroïsme ou la grandiloquence. Avec Woven hand, on est bien au delà de ça, après la bataille en quelque sorte, dans un ciel crépusculaire qui révèle les hommes, les vrais. Cela n’exclut pas les morceaux de bravoure : The Beautiful axe et Not one stone sont amenés à devenir de véritables hymnes d’un rock qui prend aux tripes. A l’instar de Mark Lanegan dans ses différents projets, la musique est taillée dans la pierre mais elle est jouée surtout par des artistes semblant garder de longs manteaux immaculés, malgré la poussière et la boue. Une grand classe virile émane de ces fils naturels du blues et de la country (Horsetail, kicking birds), Edwards chantant si nécessaire avec une force expressive sans pareille (Kigdom of ice). Woven hand a pris le recul nécessaire pour ne pas faire dans la redite et s’attaquant à un classique de Carlos Jobim, le fait avec une liberté de ton mais un égal raffinement. L’album se termine par l’aérien His loyal Love, un titre repoussant sans cesse les lignes de fuite. Le tout en Cinemascope.