C’est simple : Thao Nguyen, leader des rockeurs de The Get Down Stay Down + Mirah, folkeuse de l’écurie K Records = Thao & Mirah. Ou la rencontre de deux personnalités originales qui s’additionnent pour un résultat décomplexé qui brille par sa liberté de ton.
Cet album exhale un parfum de créativité qui s'exprime par la palette étendue des styles qui s'y côtoient mais aussi dans les moyens que les deux jeunes femmes utilisent pour concevoir leurs petites chansons récréatives., Thao & Mirah balayent large à fortiori quand , elles sont rejointes par Merrill Garbus, plus connue sous l'alias, tUnE-yaRds sur Eleven, le titre inaugural du disque sur les traces de Peaches. Aidé de leur copine,, le duo, est alors électronique et percussif, distillant une joie de vivre dans une tribale attitude plein de pep's. On est tout de suite mis au parfum : la musique du duo pourra déborder au-delà de leur chapelle habituelle, dans l'esprit de Luscious Jackson par exemple.
Groovy avec ses gros sons d' infrabasse et soul avec ses cuivres, Rubies and Rock doit plus à Curtis Mayfield qu'à toutes les chanteuses folk de la terre. Quelle différence par rapport à Folks ou Squareneck ! Ces deux titres antifolk se situent à l'opposé du spectre musical proposé par le duo. Entre les deux tendances, il y a pourtant des passerelles et des rapprochements à faire et pas seulement par les voix particulièrement mélodieuses de nos jeunes femmes qui se répondent sans cesse et s'accouplent de temps en temps. Il y a en permanence l'appui de percussions, parfois de simples claquements de main ou une voix répétant ad libitum , "tsakatan" (transcription phonétique sous toute réserve), , venant mettre une vitalité , enfantine primitive et jouissive à une musique déjà très rythmique : c'est d'ailleurs flagrant sur Teeth, morceau par ailleurs lent et triste dans ses harmonies, qui gagne ainsi en vigueur. Sur Likeable, c'est un festival d'associations contre-natures : une guitare acoustique blues, une casserole qui tinte, une trompette qui braie, un sax totalement free et nos filles dans le rôle d'anges célestes. Attention, tout ceci reste très audible, on en redemande même !
Thao & Mirah est un duo pour le moins inventif. A l'instar de CocoRosie auxquels certains titres peuvent faire penser (How dare you en tête), Thao & Mirah font beaucoup avec peu. Le moindre son rajouté donne un relief insoupçonné à la musique (Spaced out Orbit) ; un choeur répété en boucle permet de remplacer une attaque de violon : Halleluyah chippe cette l'idée au Fleetwood Mac de Big Love et rappelle la montée finale de Cloudbusting de Kate Bush. Avec ce titre, Little Cup est d'ailleurs l'autre grand moment du disque : deux morceaux en apparence simples mais à la musicalité étonnante et à l'inventivité sonore transparente se mettant au profit de chansons touchantes, deux parenthèses enchantés dans un monde de brute. Tout ce que l'on demande à un album et que Thao & Mirah réussissent les doigts dans le nez. En espérant que ce projet ne soit pas un one-shot.