Il n’aura pas fallu grand-chose pour que ce premier album soit attendu comme le loup blanc et que le jeune Avril soit bombardé avenir de l’électro français. Un titre déposé à Nova et devenu culte « Velvet Blues », un quatre titres signé chez F.Com et depuis épuisé et un live mythifié aux Transmusicales de Rennes. Après plus d’un an de tergiversation, voilà enfin l’objet. Un disque hybride, étonnant, pas forcément cohérent et qui nous renvoie l’image d’un dingue de musique nous exposant sa vaste culture musicale. De la reprise-house-évidente-qui-fera-danser-en-boucles (« French Kiss » seul morceau dispensable de l’album) à une reminiscence affichée Depeche Mode (« The Date » où comment faire groover Martin Gore et sa bande) en passant par un intérêt pour les travaux de l’Ircam sur « Double Blind (Collaboration avec Marc Collin oblige), Avril est assurément un passionné au parcours éclectique. Certains pourront préférer les deux singles, annoncés et d’une efficacité redoutable (« The Date » et « Like everybody else »). Mais c’est dans les moments où Avril apparaît dans le plus simple appareil, fragile et écorché que l’album atteint des sommets. Ainsi, Il y a fort à parier qu’avec le temps « That horse must be starving » laisse plus son empreinte avec ses morceaux les plus mélancoliques « Eye World » ou un « Global Headphones » entre Radiohead et Alpha. Ou encore le diaphane « Helium life boat » où Beth Hirsh (déjà présente sur « All I need » de Air) amène ainsi sa touche cristalline. Ce qu’on avait aimé en fait sur « Velvet blues » (présent ici…dur de faire l’impasse sur un tel chef d’oeuvre), derrière la tristesse insondable et le chaos, un sens mélodique hors-pair et une sensibilité à fleur de peau.