Nathan Michel est-il là pour réveiller la bête qui sommeillait en nous, celle qui a apprécié à un moment la technicité de Steely Dan, le toucher de piano de Joe Jackson ou le raffinement pop de High Llamas ? Le New Yorkais aime cette musique-là, ce qui n'est pas répréhensible en soi, mais le risque de basculer dans la démonstration la plus stérile devient dès lors plus que patent. Mais Nathan Michel est un sale gosse et il sauve l'entreprise par son esprit farceur. Il fait subir à ses plans jazz rock (sic) une série de cruels outrages comme l'accélération intempestive, l'arrêt ferme et définitif de la musique au milieu d'une phrase, sans parler d'attaques répétées de sons tout droit sorti de jeux vidéos années Atari ou encore de l'intrusion d'une sensibilité lo-fi (avec les instruments idoines) au milieu de soli de guitares. Drôle de bonhomme que ce Nathan Michel. Un constructeur de lego qui décide de foutre la m… dans ses propres constructions ? Ou sinon un Pascal Comelade qui s'invite chez Steely Dan avec ses gros sabots mais avec poésie ? Les deux. Michel expérimente tout en s'amusant, comme Brian Wilson ou Franck Zappa en leur temps ; on le suit donc dans cet album assez inclassable, électronique dans ses outils mais très pop-jazz dans son esprit.. Et comme il s'appelle Nathan, on se dit que cet album, entre élaboration et candeur, peut séduire un public de 7 à 77 ans.