Au blind test, on jurerait que les Canadiens de The Blue Seeds viennent de la partie anglophone du pays. Raté, ils sont bel et bien Québécois. Emmené par la bien-nommée chanteuse Emilie Laflamme, le sextette aime les ambiances nocturnes qui conduisent l’auditeur sous les néons d’un cabaret ou d’un motel perdu. Les guitares sont vénéneuses, la voix envoutante, toute la musique semble sortir du halo chaleureux d’un orgue. On se croirait dans un film de David Lynch (un titre s’appelle d’ailleurs Lost highways) à l’instar de Julee Cruise, Calexico ou de Portishead ou dans un film noir où la sensualité est toujours synonyme de danger (Barcelona). The Blue Seeds choisit de traiter la country folk américaine sous un mode classieux.
Ce qui nous vaut de belles ambiances. Dommage que certains titres soient un peu convenus : avec le rustaud My fair weather friend, on croirait entendre une reprise ; le refrain un peu trop évident de that night in Amsterdam (proche de Texas) fait retomber le soufflet monté par des couplets catchy. A dire juste, l’album souffre un peu de la comparaison avec le dernier album d’Elysian Fields qui amenait dans cet univers de cuir et de velours une bienvenue et troublante touche jazz. Heureusement, la fin, véritable plongée abyssale de Words from a fairytale termine l’album sur une note palpitante. Après, il ne reste que I dream a little dream pour partir au pays de songes. Ce soir, les rêves seront bardés d’aiguilles…