Comme fait de gloire claironné ça et là, l’intérêt pour ne pas dire la passion qu’entretiennent Daft Punk et Justice à l’égard de Midnight Juggernauts. Un détail qui sert de porte d’entrée chez nous et qui donnera envie à certains d’aller écouter The Crystal Axis. Tant mieux. Pourtant ne nous trompons pas, associer Midnight Juggernauts à nos deux stars françaises serait pour le moins réducteur. Bien que ces Australiens vivent la tête en bas, ce groupe ne marche pourtant pas sur la tête. Car en plus d’être des façonneurs de son, le trio est surtout un artisan de bonnes mélodies : dans leur cas, les mots « electro » et « pop » sont d’égale importance. Justice tord crânement la forme mais ne s’intéresse au fond ; Daft Punk tend et module le fil sonore dans le but de créer une spirale dansante ; Midnight Juggernauts fait surtout des popsongs riches et complexes. Sur l’introductif et instrumental Induco, le groupe montre les forces sonores en présence,l’attirail de synthés avec lequel il faudra compter (pour une son proche de John Carpenter revisité par Zombie Zombie).
Cette mise au point étant faîte, les Australiens peuvent dérouler une succession de refrains accrocheurs et de riches harmonies, là où se trouve le vrai talent des Australiens. Ces popsongs, entre passé (réminiscence 70 et 80’s) et futur (un assemblage de couches résolument moderne) n’excluent pas des moments hypnotiques qui convient au démon de la danse (Lara Versus the savage pack), des débuts soyeux et des fins organiques avec une guitare qui ne l’est pas moins (The Great beyond), un tribalisme synthétique qui rythme une mélancolie d’humeur (Virago). La palette de Midnight Juggernauts est finalement plus hybride et plus riche qu’il n’y parait avec une guitare électrique trouvant ici une place de choix (Dynasty). On se plonge dans The Crystal axis non sans une certaine délectation, heureux de découvrir un sacré relief derrière l’écran de fumée des claviers. Ce groupe mérite donc un succès aussi important – quoique différent - que Daft Punk. Cela ne serait que justice.