Je vais vous faire un aveu : biberonné à la cold wave, au slowcore ou au shoegazing, je n’ai jamais été vraiment branché par les musiques « black ». Autant dire que Troumaca, groupe originaire de Birmingham – le berceau du métissage en Angleterre – n’était pas appelé à trouver grâce à mes oreilles. Et pourtant…Signé sur le label de Gilles Peterson, le quintette tire son nom - à une lettre près – d’une île des Caraïbes, un choix qui n’est pas innocent. Les Anglais aiment les rythmes tropicaux, les percussions qui vont avec ; ils ne sont pas contre mettre, non plus, du dub dans le moteur. Mais en bons britanniques d’aujourd’hui (leur musique ne ressemble plus à UB40 ou aux Specials), marqués par la scène électro, ils invitent leurs auditeurs à une belle partie de danse. Les basses sont mises en avant, les sonorités électro vous enveloppent dans un cocon.
L’univers de Troumaca est luxuriant, avec de nombreuses parties de guitare qui s’entremêlent : The Sun vous donnerait envie d’un « party time » dans une forêt vierge ; Tiger Eye cultive son petit côté Avalanches avec douceur et volupté. Sur la longueur, le groupe vous entraîne dans une énergie solaire communicative (trees en ouverture ; the Grace en fin ; lady colour à vous rendre illico presto le sourire). Troumaca reste toujours aussi positif, même sur des climats plus planants ou mélancoliques (Ivory et Layou, soient les meilleurs morceaux du disque). Plus classique dans le genre, Sanctify ou Kingdom remplit quand même son office par des mélodies qui fonctionnent, à défaut d’être renversantes. Dans son ensemble donc, Troumaca vous permet, bienfait inestimable, de prolonger encore un peu plus la chaleur et la sensualité de l’été. Même pour un fan de coldwave. C’est dire.