The Joshua Tree
7.1
The Joshua Tree

Album de U2 (1987)

- 1986 : Bono dira : << U2 est un groupe qui vient, mais qui n'arrive jamais. >>


Les notes et paroles les plus populaire du groupe irlandais. Une place dans le Top 50 des albums les plus vendu de l'histoire de la musique (28 millions d'exemplaires). 1 Grammy Awards. Une tournée hommage 30 ans plus tard. Je m'attaque au plus haut sommet jamais atteint par mon artiste musical préféré, et en écrivant ces lignes je reste convaincu que rien de pertinent ne peut être dis après tout ce temps.


The Joshua Tree est une erreur de parcours. Celle qui ne fallait pas commettre. Pourquoi ?


Jusqu'en 1987, le groupe a toujours considéré offrir une musique honnête, se limitant à leurs compétences et aux idées qu'ils obtiennent au studio. On appose tout ça sur un disque, et on balance le tout dans les oreilles de qui voudra bien écouter. Le fait est que 3 ans plutôt, un début de collaboration avec Brian Eno & David Lanois donnera The Unforgettable Fire, l'amélioration et le quasi aboutissement d'un style pour les quatre membre. L'album demandera une seule année de travail et d'improvisation (comme pour "4th of July"), et obtiendra le droit de répandre un tout petit peu plus le nom du groupe à travers l'Europe.


Bono dira :



Il m'arrive de penser que le public a misé sur le mauvais cheval. Je suis bâti comme un charpentier, j'ai des mains de maçon. Je ne me vois
pas comme le meilleur candidat au poste de popstar. Je ne pense pas
être très bon pour ça.



Les irlandais n'ont aucunement déviés de leurs trajectoires concernant les textes honnêtes, et l'instrumentale travaillée. Brian Eno & David Lanois n'ont fais que les accompagner vers la suite du parcours. Car si une année suffit à offrir le meilleur album de leur carrière, il semblait évident que trois années de travail allaient arracher cette éloge, une nouvelle fois.
Nous y voilà, l'erreur. Le titre de star internationale perçu comme une terre promise un peu flou, certes tentante mais aucunement stimulante concernant l'écriture, leur sera accordé malgré eux.


L'album a besoin de deux bonnes grosses pages en plus afin d'être retranscrit et analysé dans son intégralité. Chose que je ne ferais pas ici, je cherche avant tout à parler des albums et du groupe à travers certaines chansons et non pas l'inverse. Le disque, au delà de sa volonté spirituelle, est aussi connu pour sa fresque détaillée des Etats-Unis, cet aspect étant présent dans la deuxième partie de celui ci, je pense faire des critiques individuelles des morceaux les plus marquants, notamment "Trip Through The Wires", "One Tree Hill" et "Exit".


Apercevoir la lumière. Voir apparaitre, pour certains l'espoir, pour d'autres la liberté, ou encore dieu. Tel sera l'objectif de "Where The Streets Have No Name", morceau qui demandera 40% du temps d'enregistrement de tout l'album. Pendant un moment, l'un des producteurs tentera d'annuler son écriture tant elle demandait de nouveaux arrangements et donc de nouveaux enregistrements à chaque sessions. Il aura, une fois, essayé de détruire les essais studio, de peur que le groupe se perde dans cette création impossible. La chanson présente deux changements de mesures et plusieurs changements d'accords. Il s'agit de la performance technique et artistique la plus difficile et la plus puissante de leur carrière. Aucune histoire ou anecdote socio-politique n'est contée ici. Bono tente de décrire un monde, son monde. Sans frontière, sans même que les rues puissent s'approprier un nom. Un lieu de fantasmes spirituels, de paix et de liberté. Le titre a tout pour lui, et le public lui donnera tout. "Where The Streets Have No Name" est ce pourquoi U2 se bat, ce pourquoi il fait de la musique, ce pourquoi il continu depuis trois décennies à transmettre un message. Il s'agit d'une matérialisation des désires et des rêves d'adolescents en colère devenus adultes. The Joshua Tree atteindra la terre promise en grande partie grâce... à la description d'une terre promise.


Là ou le morceau offre un certain frisson pour sa version studio, il est bien plus impressionnant d'en observer une version live. La scène étant là ou leurs chansons prennent sens.


La religion et la quête de dieu font parties des points essentiels de l'album. Ainsi, le gospel et l'idée de rapporter leurs chansons comme parole d'évangile sera présent dans beaucoup de morceaux. J'aime voir "I Still Haven't Found What I'm Looking For" comme une expression d'épuisement de la part du groupe. La chanson exprimant dans un premier lieu le doute au sein de la foi, celle ci sort surtout d'une phase difficile d'écriture et d'entente dans les studios. On peut donc se représenter la foi envers le projet ou même le groupe, en plein déclin durant l'écriture. C'est Bono lui même qui trouvera les deux notes caractéristiques qui occuperont la majorité du morceau. Le rythme, au style gospel donc, laisse aisément la place à une intervention orale de celui qui aimerait suivre le chanteur dans ses mots, comme c'est le cas durant les lives, soit par des chœurs professionnels, soit par le public lui même. Les deux premiers morceaux de l'album vont de paire et créent les bases de la messe selon U2. En premier, il s'agit de dieu, du rêve que l'on s'en fait ou encore du paradis. En second vient le doute dans la foi divine et/ou donc dans la foi que l'on s'est forgée durant le premier morceau. On nous offre dans cette paire le moyen de se figurer un rêve, d'en exprimer ses plus beaux aspects, pour par la suite se questionner sur cette croyance. Une démarche pleine d'humilité.


L'album continu de créer sa propre Bible, avec cette fois ci, le tourment. La basse sera légion ici. Mais "With or Without You" berce aussi avec la guitare de The Edge qui utilise un effet capable de faire durer une note à l'infini sans en changer la fréquence. Il enchaînera par la suite avec ce pourquoi nous l'aimons, des arpèges en delay. On prépare le climax avec un chant en duo que l'on peut aisément qualifier de cri qui, une fois n'est pas coutume, rendra l'oeuvre du groupe douloureusement fabuleuse. Une fois encore la recherche côté instrumentale fut très grande. Le guitariste admettra lui même que rien en ce morceau ne fait partie de son temps, << Cela vient d'ailleurs... >>.
J'ai failli commencer ce paragraphe en disant qu'il s'agissait probablement de la chanson la plus mainstream de U2. Et pour cause, on attribut à une oeuvre le titre de "culte" quand celle ci s'avère être purement intemporelle, et il s'agissait là des ambitions première de toutes leurs chansons, depuis 7 ans de carrière maintenant. Le pari est donc réussi, cette fois ci à 100%.
L'honnêteté de la chanson sera encore une fois plus que rentable. Là où le public vois une relation compliquée homme/femme, Bono a écrit une chanson sur une relation compliquée membre/groupe. A l'image donc des deux chansons précédentes, U2 nous propose des chansons aux textes ouverts et aux ambiances interprétables.


Les membres du groupe, aux croyances jamais affirmées, crée ici leur Bible et celle de leurs fans :



  • 1. Where The Streets Have No Name / La foi.

  • 2. I Still Haven't Found What I'm Looking For / Le doute.

  • 3. With or Without You / Le tourment.


En 2014, The Joshua Tree a été ajouté à la collection du National Recording Registry parmi d’autres travaux considérés comme “culturellement, historiquement ou esthétiquement importants.” Ces documents sont rendus indestructibles pour être découverts par les générations futures. On y retrouve aussi Hallelujah de Jeff Buckley et The Miseducation of Lauryn Hill, de Lauryn Hill.


De retour d'une visite au Salvador en 1986, Bono rapporte l'horreur de la dictature présente. Dictature soutenue par les Etats-Unis. Il demandera à The Edge de << mettre du Salvador dans son ampli >>. L'inspiration affirmée pour Led Zeppelin donnera cette guitare dérangeante, puissante, enrobée d'une basse et d'une batterie imitant une suprématie lourde, brutale. Tout peut être dis et redis sur l'instrumentale de "Bullet The Blue Sky" qui est certainement la plus transcendante du groupe, je laisse cette exploration à des spécialistes. Le titre du morceau fait référence aux F16 américains survolant les villages du pays. Les paroles traduisent la volonté des Etats-Unis à vouloir imposer son monde.
Pour une fois, U2 s'adresse directement à l'entité en question, alors qu'elle n'était que métaphorique dans d'autres titres afin de garder l'interprétation ouverte. Même si la chanson reste interprétable pour l'avenir. En effet, Bono parle de Ronald Reagan quand il chante l'histoire de l'homme qui vient vers lui, étalant son argent pendant que ses hommes parcourent les villages. Pour d'autres paroles il suffira de remplacer les noms, comme dans cette ligne iconique qui attire l'attention sur la réelle situation du pays : << Into the arms... of America. >>


Bono dira :



J'adore l'Amérique et je la hais en même temps.



Des les premières notes de "Running to Stand Still", une guitare acoustique comme on en a peu entendu durant ce début d'album semble nous enfoncer dans une campagne américaine avec un soleil au zénith. Et pourtant, née d'une session d'improvisation, le groupe admettra que cette partie blues ne fait que s'inspirer du style de Lou Reed. La chanson fait suite au discours sur l'addiction déjà présent dans "Bad", un sujet mainte fois étudié chez Reed. Les paroles font référence à une résidence composée de plusieurs tours, mais où aucune d'entre elle n'offre le foyer suffisant pour empêcher les overdoses. Pour cause, la résidence à laquelle Bono fait référence est le lieu avec le taux de suicide le plus élevé d'Irlande durant cette décennie.
Pour une fois, la spiritualité laisse place à la dénonciation pure, on résume des faits et des situations. On décrit une population sans défense et sans moyen d'exprimer son mal être. Une chanson plus brutale et directe que la précédente sur The Unforgettable Fire, aucune solution n'est perçu. Probablement le morceau le plus littéralement triste du groupe.


Le "Yucca Brevifolia", est un arbre présent dans l'Utah, aux Etats-Unis. On confère à celui ci l'idée spirituelle d'une vie éternelle, car, quand on le coupe, aucun cercle n'est présent. Il est donc impossible de déterminer un âge.
Le symbole du dit arbre, sera choisi, en référence au passage de la Bible ou Joshua indique la terre promise.

Maxime_Pointud
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le 10 août 2017

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Eddy Baker

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