Fort d’un succès aux USA, The Lumineers débarque en France avec un album de folk acoustique franc du collier. Modeste, sympathique…et chanceux ?
Les yeux écarquillés, Ugolin le claironnait déjà dans"Manon des Sources" : les gens veulent de l'Au-then-ti-que ! En musique comme en agriculture, c'est pareil : alors que la radio abreuve sans cesse son auditoire de Lady Gaga, de Rhianna et autres bombes cathodiques, les gens redécouvrent la valeur"terroir" comme un retour aux sources jugé salvateur dans ces moments de crise et de produit factice. Wesley , Schultz et Jeremiah Fraites ont joint le geste à la parole quittant le très-en-vue quartier de Brooklyn pour aller vivre au Colorado. Là -bas, ils ont rencontré une violoncelliste Neyla Pelarek et ensemble, ils forment The Lumineers. La belle histoire de ce trio continue avec le succès imprévu de leur premier album ou comment un groupe fait pour jouer dans un pub devient un groupe qui fait la musique d'une pub. Et même de plusieurs. Et in fine 700.000 albums vendus aux USA et 1 million de single pour Ho Hey.
La montée en puissance ressemble à celle de Garth Brooks il y a 20 ans avec Ropin' the Wind ;, le genre est différent (country pour Brooks, folk acoustique pour The Lumineers) mais les deux artistes appartiennent à la même galaxie américana. Les deux ont bénéficié d'un storytelling apte à entretenir la légende : comme Josh mort d'une overdose et donnant envie à son frère Jeremiah de compenser le chagrin par la création musicale, soit l'acte de naissance du groupe. Ensuite et de manière plus pertinente, si chacun base sa musique sur la tradition, tout deux y ont apporté la touche"pop" idéale pour attirer le grand public (Stubborn heart). Attention, ne vous attendez pas à une forte compromission mais le trio The Lumineers est plus attirant (remarquez, ils n'y peuvent rien) que le gamin albinos de"Delivrance" ou que quelques vieux barbus bouilleurs de cru du Dakota du Nord. Pour la musique, c'est un peu pareil et le fameux single Ho Hey, , est du genre à entrer dans votre cerveau et à ne plus l'en quitter.
Avec son instrumentation garantie 100% pur bois (avec banjo, mandoline et tout le toutim), The Lumineers fait un bon album d'americana, sans génie ni originalité, mais avec des chansons parfaitement charpentées, rustiques mais sensibles, dans un album comportant son lot nécessaire de morceaux entraînants et de balades au clair de lune. , Le trio poursuit une histoire commencée par Guthrie et Dylan et poursuivie par Neil Young et Bruce Springsteen. On reste quand même sur sa faim en se disant que The Lumineers a su être le bon groupe (authentique) au bon moment pour décrocher la timbale. Bien, sans plus.