Avec The Pink Caves, Fenster affirme, dans la douceur, une musique faussement gentillette, entre dream pop et folk délicate.
Le titre ressemble à un oxymore : littéralement"des cavernes roses" une image inédite et impossible née dans l'esprit de Fenster. On connaissait déjà le groupe basé à Berlin depuis un Bones bien sous tout rapport et déjà paru chez Morr Music. Avec leur deuxième album, Jonathan Jarzyna et JJ Weihl, désormais associés à Remi Letournelle et Lucas Chantre, essayent toujours de combiner leur douceur musicale naturelle avec des aspirations moins consensuelles. Le changement est loin d'être radical, et The Pink Caves est avant tout un disque de dream pop cotonneuse que l'on placerait volontiers entre Mojave 3, Mazzy Star, Papas Fritas et Air. Ces rapprochements énoncés démontrent bien les qualités mélodiques et d'arrangementS d'un album hautement séduisant (Sunday owls, vrai moment magique ; On repeat plus tordu mais tout aussi bon). Pour cela, en plus des guitares réverbérées et des choeurs mixtes, Fenster affirme plus que jamais des prédispositions pour les synthés analogiques et les ambiances années 70. Cet apport donne le ton d'un album de folk se parant de contours cosmiques. Avec ce sentiment persistant de lente chute dans les airs. Quelques titres accélèrent un peu plus le tempo (Hit and Run, 1982) : on n'est pas là pour dormir mais pour rêver !
Mais avec Fenster, toutes merveilleuses que sont les ambiances, l'atterrissage ne se fait pas dans les bras d'un Morphée compatissant. The Pink Caves est un disque diffusément mélancolique, profondément sombre, morbide parfois (True Love) et derrière les jolies harmonies, se cachent tapis dans l'ombre quelques sonorités Lynch-iennes qui traduisent bien qu'il faut regarder au-delà des apparences (the light, vrai moment d'ambiance trouble). Comme tous les contes, celui raconté par Fenster a sa part d'ombre.