Avec un premier album tout en nuances, le duo canadien dévoile de nouvelles facettes de sa pop.
Il est compositeur, elle est photographe, ils se sont rencontrés à Guelph, en Ontario (Canada). Et dans tout ce qu’il fait, le duo d’artistes Evan Abeele et Denise Nouvion, baptisé Memoryhouse, s’attache à développer la complémentarité de la musique et de l’image, voire leur fusion. Leur collaboration avec le Britannique Jamie Harley pour la réalisation de plusieurs vidéos ne doit rien au hasard non plus : ce même jeune homme se cache derrière des vidéos d’How To Dress Well, Memory Tapes ou Twin Shadow, aux esthétiques pas si éloignées de celles du duo. Construites à partir d’images d’archives oniriques déconstruites ou ralenties, elle remettent la spontanéité au coeur du clip. Créé sur Tumblr, le site web de Memoryhouse est quand à lui un cocon réconfortant aux tons pastels. On y trouve des portraits du duo, dans une chambre aux murs couverts de papier peint à fleurs, des vinyles ou des sessions acoustiques. Voilà pour l’introduction visuelle.
Pour ce qui est de la musique, avec un premier album sur le légendaire label américain Sub Pop, le duo d’artistes dévoile une palette de teintes élargie par rapport à celles qu’on avait découvertes sur leur premier EP, The Years. On retrouve cependant cette sensation d’entrer dans une bulle avec Little Expressionless Animals, premier titre qui pose les jalons de l’album. Tout est fait pour que l’on ne perde pas trop ses repères : la voix de Denise s’affirme sans complications, franche et mélodique. Puis, on entre dans le vif du sujet avec The Kids Were Wrong, au refrain imparable et aux guitares bien présentes. Le soin avec lequel Memoryhouse a construit la progression de l’album devient évident quand l’enchaînement des morceaux coule de source. Quelques morceaux sont tout bonnement délicieux, et justifient à eux-mêmes la dégustation de l’album : All Our Wonder, Pale Blue et Walk With Me sont emblématiques du talent du groupe à construire un univers très attachant. Les paroles évoquent la séparation, l’absence, mais aussi le réconfort dans le souvenir de l’être aimé, et la pensée que la vie, comme un courant, nous ramène vers ceux que l’on aime.
Malheureusement, quelques titres au milieu de l’album manquent de consistance, et l’on regrette le nuage de légèreté des compositions compilées sur The Years. L’excès de sophistication pointe le bout de son nez. Est-ce la volonté de développer la dimension scénique et d’abandonner l’image du groupe terré dans son home studio ? On croit en tout cas que Memoryhouse devrait tirer son épingle du jeu dans les mois à venir, pour peu qu’il reste quelques romantiques sur Terre.