Dan Berridge avait sorti sous le nom de Broadway Project un premier album "Compassion", placé sous le signe de l'électronica et du trip-hop. Mais l'anglais a depuis affirmé un goût pour la pop, remixant Badly Drawn Boy et Neil Halstead et surtout en intégrant un chanteur dans son projet. Richard Palmer, c'est lui, rappelle sans coup férir Paul Draper le leader de feu Mansun pour ce même lyrisme fragile et féminin. Mais la comparaison avec Mansun, aussi étonnante qu'elle puisse paraître, ne s'arrête pas là. On retrouve avec "The Vessel" la même envie d'album concept qui inspirait la bande à Draper à l'époque de "Six", ainsi qu'un amour orchestral pour l'oeuvre de John Barry. Broadway Project devient donc un Mansun "dérockisé" mais qui aurait découvert à la place le sampling, le jazz de Keith Jarreth (Coming Back), le psychédélisme et le sitar (I believe in Superman ambiance ashram au Népal) et plus généralement les drogues hallucinogènes. Tout au long de ces 10 titres, en un peu plus de 36 minutes, Broadway Project propage un profond sentiment de sérénité, un monde vaporeux où tout se mêle et se confond. Sans tapage aucun, tout en douceur, loin du psychédélisme lourdingue d'un Kula Shaker, des titres comme Sufi et Angel Heart arrivent sans coup férir à marquer durablement notre sensibilité. Avec Manifesto, Berridge retrouve les traces de ses premiers amours et de Portishead et parachève en beauté une oeuvre étonnante et marquante.