Si un jour, une »italian Touch » venait à déferler sur le monde, cet album de M+A sera peut-être considéré comme une des premières pierres de l’édifice.
La musique de ce duo de Forli a quelque chose d’aussi évident que son nom. Michele + Alessandro = M+A. C’est aussi simple que ça. Si la French touch s’inspirait de la house, en proposant une version filtrée plus fine et plus groovy, la musique de ces jeunes Italiens (19 et 22 ans), elle, prend sa source dans l’électronica en proposant une version plus pop. Ici on n’est quand même plus proche de Schneider TM, que de Daft Punk. Sur le bien-nommé Yes.pop, Tahiti 80 n’est pas loin sur un morceau pourtant bâti seulement autour de samples et de programmations. C’est encore plus prégnant sur BAM , :, avec ses programmations en seules support d’une ligne de chant et d’une piano, le titre pourrait être un remix inspiré et vivifiant d’un classique west coast., En dépit du travail sonore, de ces matières électroniques parfois tournées en tout sens, on sent toujours la mélodie pop derrière (adidas). M+A a pour lui de proposer souvent des vocaux à ce qui pourrait naturellement rester des instrumentaux. Les voix sont, elle aussi, retravaillées, , filtrées ou séquencées, ces procédés harmonisant encore plus le timbre des italiens, rendant rythmique ces voix ou donnant une touche africaine à une ligne de chant (Yeloww).
Ces Italiens sont vraiment étonnants et aux poum tchak parfaitement assumés (Bla, le titre le plus »techno » du disque), ils leur adjoignent des sonorités plus minimalistes d’horlogerie suisse et parfois des (samples d’?) instruments acoustiques : sur Like Leno Lisa, c’est une trompette qui élève le morceau dans une joie communicative. Sur Yeloww, c’est un flûte qui vient arabiser le propos à la manière d’un Debussy orientaliste. Même sans ces ajouts, M+A tire bien son épingle du jeu et son électronica rêveuse vous permet de danser les yeux fermés (Sommer, Bergen.jpg). Il y a quelque chose de poétique dans les paysages dessinés par ses deux grands enfants qui fait que même les thèmes plaqués à grands coups de synthés ne sonnent pas gras mais participent à l’édification d’un monde merveilleux ((We)).
Brillant et profondément gai, , Things.eyes est un album hautement séduisant.