Field Music est le genre de groupe où il se passe toujours quelque chose. Pas le temps de s’ennuyer. D’une batterie imprévisible ; de voix et chœurs un peu sucrées ; d’une instrumentation qui va de la scie musicale aux castagnettes, en passant par le tambourin, les cuivres, les cordes ; de morceaux qui évoluent au gré des humeurs changeantes – et un peu théâtrales - de ses auteurs. Ses auteurs, parlons-en des frères Brewis et d’AndewMoore, pianiste émérite qui autant de tempérament qu’une Kate Bush qui se lache. Tous trois originaire de Sunderland, une ville plus connue pour son équipe de foot que pour sa musique. Et encore, je ne dévoile qu’une partie de la richesse musicale joyeusement bordélique de Field Music. Car Tones of Town est un petit bijou de pop, le genre d’album qui n’a pas peur d’en faire trop et qui est sauvé du maniérisme par le talent d’arrangements de ses créateurs qui les fait toujours retomber sur leurs pattes et par une rusticité de traitement que l’on n’attendait pas là (la batterie marquée de Peter Brewis, une guitare qui peut être parfois rugueuse) qui les rend encore plus sympathiques à nos yeux. Ce n’est pas pour rien si certains titres évoqueront Pinback pour ses revirements taillés à la serpe ou ses guitares lo-fi (Working to work, in context). Mais Field Music s’inscrit dans la grande filiation des Beach Boys, des Beatles, de XTC, de High Llamas. Celle des raffinées qui construisent des grandes cathédrales pop avec des pierres chamarrées. Le groupe réussit surtout à irradier de charme toutes les oreilles qui s’en approchent avec une musique pas si évidente ; ni formatée, ni linéaire.