Tropism
Tropism

Album de Bexar Bexar (2006)

Avec le retour du rock et donc des guitares, il fallait s’attendre à retrouver des artistes choisissant de mettre l’instrument au centre de leur musique, au point de faire disparaître ou presque tout le reste. On avait déjà connu des hard-rockeux de triste mémoire, une choucroute en guise de coiffure, le manche de guitare en extension pénienne, prêts à battre des records de vitesse et de notes empilées. Mais cette façon de vivre la guitare en solitaire n’est pas une fatalité. A peu d’intervalle, sortent donc les albums de Takeshi Nishimoto , de L’Ocelle Mare et de Bexar Bexar, ce dernier loin de la virtuosité du premier et de la destructuration du second, affichant une sensibilité à nulle autre pareille. Bexar Bexar avait déjà sorti Haralambos en 1999 qui lui avait valu les honneurs d’un réseau de station radio américaine. Depuis, Bexar Bexar a redistribué les cartes de sa musique, l’épurant sans l’affaiblir. Bien au contraire. Il a composé plusieurs musiques de films indépendants et on l’imagine facilement dans une inspiration proche du thème de guitare jouée par John Williams dans « Voyage au bout de l’enfer ».


Le jeu de Bexar Bexar est en effet minéral, faisant résonner le son métallique de sa guitare acoustique. Il utilise son instrument parfois comme le fait Keith Jarret avec son piano. Les thèmes effleurés ressemblent à des mélodies de Red House Painters laissées à l’état d’esquisse. Il y a un petit côté Labradford aussi. Certains diront que la musique de Tropism a un côté ambiant, terme un peu péjoratif qui évoque la musique d’ascenseur ou le fond sonore d’un institut de massage thaïlandais. Chez Bexar Bexar, la musique est calme et lente, certes, mais elle révèle derrière tout un monde en creux fait de bidouillages électroniques, de vagues numériques et de reliefs escarpés. Ces textures, sur les traces d’Eno jadis ou de Fennesz aujourd’hui, nourrissent les thèmes de guitares, les supportent ou s’opposent à eux avec une subtilité qui mérite toute l’attention de l’auditeur. Offrir cet album est donc un acte de pur philan-tropisme

denizor
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le 17 sept. 2015

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