10 ans d'existence, 5 albums, le duo allemand Gina V D'Orio et Annika Line Trost est désormais bien installé dans le paysage musical allemand et même européen. Ce qui n'était pas gagné d'avance, les deux Allemandes n'adoptant pas l'attitude la plus évidente pour plaire, à moins que leur idée de la séduction englobe sexualité explicite, happening scandaleux et violence destructrice. Dans le genre, les Allemandes vont encore plus loin que Peaches. Cobra Killer avait fait la première partie de Jon Spencer et de Sonic Youth, les deux groupes ont été suffisamment impressionnés pour aujourd'hui participer à Uppers and downers (Sonic Youth en la personne du grand Thurston Moore), consécration suprême auquel s'ajoutent la participation de Jay Mascis et l'enregistrement de l'album dans le studio de Einstürzende Neubauten. Uppers & Downers est à la fois l'album le plus accessible de Cobra Killer mais aussi le plus symptomatique de l'esprit du duo.
Tout commence sur deux titres proches de la pop sucrée années 60, seulement épicés de claviers plus agressifs : c'est the Pipettes perverti par Suicide (Hello celebrity ; Vitamine). On se laisse donc presque aller à une certaine sensualité, un peu tordue quand même, avant de subir une attaque en règle sur Hang up the pin up, où Thurston Moore, Jay Mascis se mettent ensemble pour faire du concassage bruitiste d'une mélodie pop. Chez Cobra Killer, la destruction est toujours à l'affut pour reprendre ses droits. Comme un glissement progressif du plaisir vers des contrées moins engageantes : des sons de guitares biscornues, des sons de claviers saillants ; autant de montées de erses qui viennent un peu jeter le chaos sur des mélodies pop chantées par des voix ingénues. Entre minimalisme primal et électro-pop fourré de samples... et d'épines.