Seconde sortie du label Hibernate dans le cadre de sa série de 10 vinyles, dédiée au meilleur de la musique ambient anglaise, ce premier album de Simon Bainton fait suite au très intéressant premier essai de Lowered, Lost Seas. L'anglais avait déjà sorti un très bel EP sur ce même label, intitulé Sun Settlings, et est surtout connu pour ses travaux au sein du duo Pausal, qu'il forme avec Alex Smalley (moitié du projet Olan Mill). Les deux larrons viennent d'ailleurs de sortir un magnifique album chez Own Records, Sky Margin. L'album qui nous intéresse ici est sorti le mois dernier et transforme définitivement l'essai au micro sillon d'Hibernate.


Visiting Tides, comme son nom le suggère, propose en sept morceaux différentes visites des rivages anglais qui ont inspiré Bainton, chaque morceau prenant le nom d'une région côtière. Même si l'album reste résolument ambient, il laisse cependant une belle part aux instruments acoustiques : harmonica, flûte, piano, guitare, carillon, ainsi que violoncelle (en la personne de Danny Norbury), accompagnent les field recordings des vagues et apportent une sensation de sérénité et de plénitude (Porlock). La première face du LP est une balade de nuit, à la lueur des drones qui courbent face au vent marin. L'atmosphère se veut calme et rassurante, nous enjoignant à nous allonger dans le sable et à fermer les yeux, les gouttelettes de piano venant nous frapper délicatement le visage. L'excursion nocturne se finit par une captivante plongée au large de Ruffydd, où nous nous laissons glisser vers les profondeurs abyssales, attirés par des voix sous-marines.


La seconde face du LP, diurne, s'ouvre alors que l'on remonte à l'air libre de la côte de Tankah, où les drones solaires viennent nous cueillir pour mieux nous réchauffer. Bainton excelle à nous faire découvrir ces contrées, dont la beauté et l'immensité sauvage transpirent sur chacune de ses compositions. Après une pluie incandescente, le dernier titre nous transporte dans un havre de paix : nous sommes arrivés au bout du chemin. On peut alors rouvrir les yeux.


J'avoue avoir dû revenir à plusieurs reprises sur cet album. Non pas qu'il soit difficile d'accès, mais il est facile de passer totalement à côté, avec une grossière impression d'ennui, alors que d'autres écoutes sont au contraire carrément subjugantes. Cet album se vit autant qu'il s'écoute, et requiert avant tout de la part de l'auditeur de se laisser entièrement happer par ces paysages sonores, à contre-courant de toute intrusion ou distraction extérieure. L'immersion est alors totale, l'expérience sensorielle d'autant plus grande que chaque morceau se fond naturellement dans le suivant au rythme des vagues et des drones lumineux. Voyage garanti.


http://www.swqw.fr/chroniques/drone-ambiant/simon-bainton-visiting-tides.html

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le 9 sept. 2015

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