Jamais on ne parlera suffisamment de Chris Corner : auteur d'au moins deux chefs d'œuvre en moins de dix ans (Splinter sous le nom de Sneaker Pimps en 1999 et The Alternative sous le nom d'IAMX en 2006), l'anglais tient clairement le haut du pavé en matière de pop synthétique... Sans toutefois obtenir le succès qu'il mérite. Il y avait malgré tout un petit quelque chose à craindre de Volatile Times. Kindgom Of Welcome Addiction (2009) était certes un cran en dessous de son majestueux prédécesseur, mais surtout il sentait la redite, et on pouvait donc penser à juste titre que l'esprit de créativité de Corner commençait à s'émousser.
Heureusement, rien que l'entrée en matière de Volatile Times, d'une sobriété absolue, rassure l'auditeur un peu exigent, celui qui connait les vraies capacités de ce compositeur, chanteur et showman hors-normes et qui ne peut se contenter pleinement du "bon disque". "I Salute You Christopher" provoque donc les premiers frissons sans le moindre beat, et d'ores et déjà, on sait que Chris Corner a décidé d'emprunter une nouvelle voie ; comme s'il avait fait une croix sur son potentiel commercial, pourtant impressionnant, pour à nouveau s'épanouir artistiquement.
"Music People", deuxième titre, deuxième claque, où l'on retrouve tout à fait l'esprit IAMX : rythmique pachydermique (mais il n'échappera à personne qu'elle s'est enrichie et se détache de celle qui était la marque de fabrique du groupe depuis trois disques), des guitares comme des scies circulaires, une basse et des synthétiseurs hérités de l'indus et de la dance. Mais le niveau de composition se révèle clairement plus ambitieux que sur Kindgom Of Welcome Addiction.
En quelque sorte, et la suite de l'album nous donnera raison, la musique d'IAMX se complexifie en douceur, mais surtout elle parvient à nous surprendre, notamment grâce à l'apparition marquée d'instruments jusqu'alors quasiment absents : ainsi une guitare acoustique, des cuivres, et même une scie musicale ou un banjo s'invitent sur plusieurs titres (dont l'incroyable "Bernadette" tout droit sorti d'un cabaret déglingué).
Au final, Volatile Times respire formidablement, par sa diversité, sa richesse vocale (quelles harmonies !!). Et s'impose comme l'un des pièces maîtresses de Chris Corner.