chronique écrite en 2007...
Télérama, l’hebdomadaire qui peut faire la pluie et le beau temps sur la musique (et fait vendre pragmatiquement sur son seul avis quelques milliers de CD), a récemment honoré de 4 F l’album d’Essie Jain. S’il ne faut pas prendre pour argent comptant les avis des facilement méchants journalistes du magazine, force est de constater que ces plumes bien-pensantes ne prennent que rarement la peine de parler d’une jeune artiste inconnue sortant son album sur un label indé. Courageux mais pas téméraire, le Télérama. Juste pour vous dire qu’il se passe peut-être quelque chose avec cette Essie Jain, une artiste désarmante de talent. Comme Joanna Newsom, la jeune Américaine semble préserver du temps et de l’époque et faire de la musique dans son coin en dehors des modes et du chahut. Comme si sa musique intemporelle sortait tout en douceur d’un boudoir pour jeune fille bien élevée. We made this ourselves est le fruit musical des alcôves de la féminité.
La voix pure d’Essie, différente pour la peine du timbre de cartoon de Newsom, est un véhicule parfait pour vivre la passion de la musique. Essie a un certain pour goût pour la scénarisation, apparaissant d’abord presque nue (Glory en ouverture) pour se parer ensuite de différents instruments (cordes, chœurs, piano, harmonica…) comme autant d’étoffes différentes pour un joli buste. Son éducation a dû être classique : Ravel, Fauré mais aussi Kate Bush…Une jeune femme bien éduquée, cultivée sans doute ayant passé son enfance et adolescence en Angleterre. C’est vrai qu’on l’imaginerait bien en Virginia Wolfe, exprimant une sensibilité exacerbée avec beaucoup de grâce. Ou comme héroïne d’un livre de James Joyce donnant chaleur et ferveur à une veillée autour d’un piano (Disgrace). Avec simplicité et évidence, We made this ourselves est un petit enchantement.