Pour évoquer ce double album de Bernhard Fleischmann, on pourra ressortir nombre de formules toutes faîtes : chez Morr, même les programmations sont mélodiques ; Welcome Tourist propose un voyage intérieur ; l'Autrichien jette un pont entre Electronica et post-rock.... On pourra et on aura raison mais on ne résumera pas tout l'art de B.Fleischmann de manière aussi directe. On savait l'électronicien doué dans le traitement du son. On sait aussi qu’il n'a jamais peur de tomber dans un bruitisme industriel ou des sonorités concrètes mais sa grande force est de vouloir toujours y plaquer un piano (2/00) ou une guitare acoustique(Guided by beats) : ainsi, une bulle oxygénée et harmonieuse surnage toujours au dessus d’un climat de prime abord froid et menaçant. Art du contraste que B.Fleischmann s'amuse à inverser : des programmations lumineuses en retrait derrière des sons de guitares saturées de plus en plus envahissants (as if). Dans chaque morceau, différentes profondeurs de champs cohabitent faisant naître des sentiments contradictoires et complexes. On se dit même parfois que cette musique instrumentale, façonnée en solitaire, n'attend pas mieux que d'accueillir une voix. Cela ne restera qu'un voeu pieu pour Grunt ou Until the real thing commes along (même si les deux titres, les plus rock, se suffisent à eux-mêmes comme ça) mais cela devient une réalité en fin d'album. Sur le Désir et Sleep, Christof Kurzmann, patron de Charhizma, vient poser sa voix timide et chevrotante de Lou Reed sur des ballades electro-pop, belles de simplicité comme un titre de Notwist. B.Fleischmann démontre aussi que sa musique peut se dériver autant sur un format de 5’ (comprendre de chanson… avec ou sans chant) que sur une durée beaucoup plus longue : 45’ pour (Take your time, on appréciera le titre en forme de clin d’oeil), preuve qu’ici, il n’est jamais question de répétitions stériles. Dernier paradoxe d’un album et d’un artiste de plus en plus incontournable.