Wider par denizor

Avec Tender Forever, on s'habitue à tout et même à l'excellence. Rappel des faits précédents : une jeune Bordelaise, Mélanie Valéra, qui a séduit le fameux label américain K records au point d'être adopté par toute la tribu. Enregistré à Olympia, The Soft and the Hardcore est un premier album de pop folk lo-fi, gai et jouissif. Avec Wider, Tender Forever n'a changé ni de crêmerie, ni de créneau. Toujours aussi frais, aussi mélodique avec les moyens du bord, mais pour un résultat plus ample : dès Tiny heart and clever hand, on oublie les boîtes à rythme, les petits sons bricolés, les petites percussions ou les guitares espiègles pour ne plus s'intéresser qu'aux harmonies. Cet attirail technique avait conduit à un rapprochement un peu hâtif (même à la Magicbox - mea culpa) avec les Coco Rosie alors que Mélanie se réclame d'avantage des Young Marble Giants que des soeurs Cassidy. On pourrait même la voir comme la cousine Française de l'école allemande de Notwist à Lali Puna le temps d'un Folded papers, enlevé par ses claviers affirmés.

Tender Forever étend mais surtout affirme mieux son univers sur son deuxième opus. Un soin accru a été apporté au double voire triple voix, histoire de se sentir assailli de toute part par la mélodie. Avec son esprit bien à elle, Tender Forever fait du R'n'B (In the Backyard) ou de la soul (How many) en y enlevant tout le clinquant et tout le sirupeux. On se dit même qu'elle pourrait aller jusqu'au gospel (Well I can Take it). D'ailleurs avec elle, la limite entre musique black et blanche n'existe plus et en écoutant le pourtant Curiste No one will tell no one for sure, on imagine des fillettes blacks jouant à la marelle dans un film de Spike Lee aux sons de l'insouciante mélodie. Mélanie Valéra met surtout beaucoup de coeur dans sa musique (le poignant Heartbroken forever). Même quand la ligne de chant devient plus bateau (Wider too). La vie est ainsi faîte même dans les moments moindres, on aime toujours Tender Forever.