La musique de June & Lula a pour elle le naturel et la limpidité. Sans oublier deux voix charmantes. Sur des thèmes graves, Yellow Leaves est donc un album sympa. Peut-être un peu trop même.
Tout ceci – et je parle surtout des qualités de ce duo – on le savait déjà puisque ce Yellow Leaves est en droite ligne du précédent et premier album de June & Lula, sixteen times. Cursed Waltz est même la suite de The Clown qui figurait sur ce premier opus. , Céline et Tressy aiment toujours autant la folk et le blues de papys. Et en dépit de textes forts qui s’inscrivent justement dans la filiation de cette musique des années 30-40 (sur des destins brisés et des histoires personnelles fortes et violentes), les jeunes femmes amènent la fraîcheur de leur harmonie vocale. Elles y ajoutent la limpidité d’une instrumentation simple et boisée qui n’essaye pas d’en mettre plein la vue (Silent man). Et quelques touches pop qui donnent du peps à l’ensemble. La basse a un côté Motown sur Old Man Town et Revert to the wild a le même entrain que Love Street des Doors.
Yellow Leaves est finalement bien joli, sympathique en diable, il n’empêche on n’est finalement rarement emporté par le disque. Aucun titre ou presque n’accroche totalement : on loue la démarche, on passe un bon moment mais on ne craque pas émotionnellement. Peut-être, la modestie rémanente du disque ne pousse pas June & Lula dans leur dernier retranchement ; celui où le duo trouverait la voie vers plus de personnalité et d’ambition. A deux reprises, la duo nous laisse entrevoir ce qu’il pourrait donner s’il ne se cantonnait pas à vouloir n’être que le passeur d’une jolie tradition musicale. Les arrangements sont, dès lors, plus chiadés, avec des instruments à vent parfaitement utilisés dans un joli concert de nuances. Il y a donc Naked Woman dont l’ampleur finale vous propulse carrément dans les étoiles. Il y a aussi le nocturne The Moon who talked to the Wind, qui semble explorer chaque parcelle de ciel dans une douce rêverie et une riche quiétude. La preuve par la musique que June & Lula peuvent encore faire mieux. On y croit.