On imaginerait bien Nick Grey, habitant avec le couple de vampires de Only Lovers left Alive., L’homme a cette même préciosité décadente et cette même élégance étrange qui hantaient les héros du film de Jarmusch. Avec ce sentiment d’un artiste vivant dans un monde à part et dans un passé réconfortant et confortable. Avec son titre qui désire posséder l’auditeur – encore une preuve de la séduction vampirique qui émane de Grey, You.’re mine again a d’ailleurs été conçu et enregistré entre Montréal, Edimbourg et à Monaco, ce qui ajoute un peu à son caractère hors norme.
Pourtant, et il ne faut pas s’y tromper,, Nick Grey n’est pas un Dorian Gray de la musique, ressuscitant seulement la beauté juvénile de David Bowie (même s’il en est une copie crédible sur Heart of the Glacier) ou puisant dans des claviers new wave la petite touche en plus pour égayer sa musique (presque du Jacno sur My Love affair with night). En vrai poupée russe, le musicien transporte avec lui toutes les époques, y compris même des périodes plus anciennes (Death of the dogman a le blues qui colle au basque), mais le résultat s’ancre bel et bien dans notre époque, n’ayant pas peur de télescoper les genres, les époques et les instruments (entre électronique et acoustique). Et comme pour mieux brouiller les pistes, Nick Grey offre le chant à Sarah Maison- en français qui plus est – pour un enchantée dépouillé rappelant ce cher Dominique A. You.’re mine again est étonnant jusqu’au bout.