En raison de problèmes avec son label, Rock Goddess voit son troisième album produit par Paul Samson bloqué durant deux ans. Autant dire une éternité à l’époque. Pire, Young & Free ne sort qu’en 1987, soit quatre ans après Hell Has No Fury, sur un petit label français. Pendant ce temps, le groupe a subi des changements de musiciennes et de style. Comme beaucoup de groupes à l’époque, le trio opte pour un hard rock plus commercial et tourné vers les Etats-Unis. Il faut donc écouter ce nouvel opus en essayant de ne pas se souvenir des deux premiers albums de heavy metal, car tout sonne différent. En effet, l’ajout d’un clavier, le son de batterie et même de la guitare, les chœurs moins agressifs et les compositions, tout concourt à faire de Young & Free un album à part dans la discographie de Rock Goddess. On se retrouve plus proche de Y & T que de Saxon (même si ces derniers vont essayer de prendre le même chemin). Les amateurs de heavy rock ou de hard FM puissant seront donc ravis. Un titre comme « Streets Of The City » possédé d’ailleurs toutes les qualités pour passer sur les radios US. Malheureusement, peu de médias américains ont dû avoir accès à cet album.
Plutôt bon dans l’ensemble, Young & Free est un album à réhabiliter, qui n’est pas sorti à la bonne époque et qui a souffert d’un cruel manque de promotion. Pourtant, plusieurs de ses compositions, d’inspiration glam rock, comme « The Party Never Ends », « Rumour » ou l’excellente « Jerry » n’ont pas à rougir de ce qui sortait à l’époque. Les mélodies sont jolies, les arrangements finement choisis et les riffs intéressants. Comme on peut s’en douter, à l’instar de Saxon avec Destiny ou Girlschool avec Play Dirty, les fans du groupe ne sont pas prêts. Et pourtant, il faut reconnaître que cet album contient quelques bons morceaux, à commencer par « Young & Free » qui évoque Def Leppard, avec son refrain évident et son riff carré ou le très beau « Hello » qui donne envie de chanter avec Jody.
Le problème de cet album vient de la production de Paul Samson trop légère qui n’apporte pas à ces morceaux le petit plus nécessaire à leur décollage. C’est bien dommage, car avec un peu plus de dynamisme, ils auraient pu prendre leur envol. C’est le cas notamment du heavy « Raiders », du groovy « Turn Me Loose » ou de « Boys Will Be Boys » qui auraient mérité un meilleur traitement. Certes, le travail sur les chœurs est soigné, mais les guitares sont trop en retrait, un comble lorsqu’on sait que Paul Samson est avant tout un guitariste.
Young & Free est un album sympathique, arrivé trop tard, et qui contient un peu trop de ballades pour le fan de Rock Goddess, même si « Love Has Passed Me By » et « So Much Love » sont bien écrites. L’album est ressorti en CD avec le morceau « Hey Lover » en bonus.

DenisLabbe
6
Écrit par

Créée

le 3 janv. 2021

Critique lue 21 fois

Denis Labbe

Écrit par

Critique lue 21 fois

Du même critique

Lupin
DenisLabbe
3

Loupé : dans l'ombre d'Omar

Lupin (2021) Lancée à grands renforts de publicité, cette série Netflix s’appuie sur une distribution construite autour d’Omar Sy et une intrigue soi-disant basée sur des références à Arsène Lupin...

le 8 janv. 2021

21 j'aime

10

Tribes of Europa
DenisLabbe
5

Les 100 de l'Europe

Série allemande Netflix, tournée en allemand et en anglais, Tribes of Europa s’inscrit dans une mouvance postapocalyptique à la mode. A ce sujet, les Allemands ne font pas les choses à moitié : ils y...

le 20 févr. 2021

19 j'aime

Lovecraft Country
DenisLabbe
9

L'Appel d'Ardham

Nouvelle série sur OCS signée HBO, Lovecraft Country s’inspire de l’univers lovecraftien et d’une nouvelle de Matt Ruff pour nous dépeindre une Amérique en pleine déliquescence, gangrenée par ses...

le 17 août 2020

13 j'aime

3