La musique de Bodies of Water aurait pu ressembler à ça : des gens de bonne famille, sourire ultra bright, se retrouvant au coin du feu pour faire des vocalises devant le piano droit. David Metcalf avoue d'ailleurs être inspiré par le gospel des années 40-50, concession à la culture black (dans un monde WASP) mais pour l'amour de Dieu. Cela sent un peu le kitsch et la naphtaline avec un papier peint à grosses fleurs, cela ressemble surtout à une de ces images d'Epinal de la parfaite société américaine des années 60. Sauf qu’avec Bodies of Water, cela ne se passe pas du tout comme ça. Cette bande, plus groupe que chorale, transporte en son sein ses propres sujets de dérive et ce que les évangélistes appelleraient de "déchéance". Entre un qui prend une valise de pilules qui le laissent scotcher au psychédélisme comme un hibernatus baba, entre un autre qui croit vivre dans un western spaghetti, faisant sonner la cavalerie et s'affronter les pistoleros à tout bout de champs, le cadre explose et plus vite que ça. Bodies of water hésite tout le temps entre le costume et la coupe bien peignée, la toge flower power et la couronne de fleur et le cuir éliminé et le cheveu gras. Comme un résumé des différentes typologies des années 60. Hair chez Morricone avec du bon rock dans le poste (Darling be here ou le plan stoogien de Even in a cave), des tentations jazz, des envies de fanfares, de tropique et des choeurs omniprésents. Avec eux, à l'instar des cousins Canadiens de Arcade Fire, tout est possible et c'est ça qui est bien.