L'heure est aux reprises décalées. Je ne parle même pas Julien Doré relevant le défi chaque semaine (et crédibilisant sa personnalité de vrai artiste avec les chansons des autres...cherchez l'erreur) mais dans les exemples récents de I&Fused reprenant Paranoid de Black Sabbath, de Konki Duet No One Knows de Queens of The Stone Age et je ne parle même pas de Nouvelle Vague qui a fait tout son fond de commerce là dessus. F.M, artiste normand à l'esprit malin, fait aussi dans la cover. Et sur son premier album, fruit d'une envie longuement maturée, il n'y a pas une mais bel et bien trois reprises - et trois tubes en prime : Killing an arab, Heart of Glass et always the sun. Sur 12 titres et seulement 33', cela devient un élément signifiant à mettre au dossier. On pourra m'accuser de chercher la petite bête comptable ou de ne m'attacher qu'à un détail dans un univers spécifique mais dans ces 3 reprises, on peut voir la sur-envie de F.M. ...de passer en FM. On ne peut qu'être d'accord avec le parti-pris initial de cet album, à savoir faire tirer la pop orchestrée du côté de la musique de chambre avec violon, alto, violoncelle et cor anglais.
Mais nous rappellerons ici que cette idée aussi sympathique soit elle n'est pas nouvelle nouvelle et nous permettrons d'évoquer le Beatles Go baroque, les premiers albums de Divine Comedy et bien d'autres. Que je sache, FM n'a jamais émis le privilège de la nouveauté. Ne lui faisons pas un procès. Soit. Mais dès lors, oublions l'emballage et écoutons le fond. Force est alors de constater que certains titres semblent avoir été entendus mille fois comme A dream or two aux faux airs d'Enjoy The silence et citant Sgt Peppers (FM est beatlemaniac). Bref l'ensemble est pas mal, presque inattaquable sur le principe quoique un peu contestable (faire coller la pop stricto sensu à une vision classique). Mais en étant un peu dur, cet album vaut avant tout par son traitement et FM apparaît plus comme un habile transcripteur que comme un essentiel songwriter. Surtout pour ceux qui ont écouté la musique un peu perverse de Konki Duet, la folie du violoniste Final Fantasy ou les reprises de Depeche Mode de Sylvain Chauveau qui affirmaient une personnalité, une prise de risque et une créativité autrement plus forte que le très scolaire FM. Ceux qui ne connaissent pas ces merveilles, se gargariseront de FM évoquant "le sens musical et la prise de risque incroyable" du songwriter. Pour les autres...FM stigmatise le problème d'une culture musicale à deux vitesses.