A l’heure du troisième album des Walkmen, nous n’évoquerons plus le passé de Jonathan Fire eater. A hundred miles off revisite un peu l’histoire du rock : il est impossible de ne pas penser à Bob Dylan en écoutant la voix de Hamilton Leithauser, une filiation qui nous saute aux yeux. Et pourtant dès la première minute trente de la country folk de Louisiana (titre qui jusque là aurait pu sortir de blonde on Blonde, The Walkmen affirme son décalage en y ajoutant des cuivres mariachis. Car A hundred miles off est ainsi fait : là c’est « Bob Dylan chez Calexico », un peu plus tard, ce sera « Bob Dylan à Seattle chez Nirvana » (Tenley town), « Bob Dylan version col pelle à tarte et chemise à jabot » (Another one goes by) et carrément régulièrement « Bob Dylan au CBGB début 80 » (ce qui équivaut à dire version post-punk, new wave à guitare) The Walkmen mérite pleinement son nom : un groupe qui marche beaucoup entre les villes et les époques en trimballant toujours sous le bras son héros mythique, Bob Dylan (pour Hergé c’était Tintin). Et ils ont dû en faire des kilomètres ! Là, je semble me moquer mais ces possibilités d’accommodement offrent de sacrés bons titres (Danny’s at the wedding et ses guitares Interpol-iennes). On peut être sur la longueur réfractaire à la voix nasillarde et éraillée d’Hamilton (comme pour Bob d’ailleurs). Mais le chanteur y met tout son cœur, toutes ses tripes arrivant même à rendre à saturer son organe vocal. Ce qui n’arrive pas tous les jours, il faut en convenir.