Mais pourquoi ils ont pondu cette atrocité ? Pourquoi venir gâcher une telle œuvre avec un sommet de mièvrerie comme You’re My Best Friend ?! Enlevez cette horreur pop au clavier aussi niais que les paroles et vous avez l’album parfait, la synthèse de ce que Queen pré-années 80 savait faire de mieux.
Parce que oui, A Night at the Opera est un mélange harmonieux de différents styles musicaux, allant du rock traditionnel au music-hall en passant par l'opéra, et démontre l'incroyable créativité et l'ambition artistique du groupe. C’est le pinacle esthétique des gars de Brighton, zénith atteint avant de migrer vers d’autres nuances du genre, tout en gardant une identité propre.
Quand l’injustement méconnu Death on Two Legs arrive, on se dit que, quand-même, ils savaient faire passer un message avec classe. On a les insultes sous forme de chœurs, les couplets subtils chantés par un Freddie inhabituellement teigneux et un morceau déroutant par sa qualité et sa hargne. Très bon !
Seul I’m in Love with my Car est encore meilleur, c’est un de mes morceaux préférés du groupe. J’adore le timbre de Taylor, et je m’égosille gaiement avec lui à chaque fois que je l’écoute, grisé par les chœurs sublimes lors des refrains. Mais l’apothéose demeure dans ces motifs dantesques de May qui viennent habiller le chant du batteur quand il termine sa mesure, lui-même tonitruant avec ses fûts lors de chaque remplissage. Grandiose !
On a ce Sweet Lady, très proche de ce que fera Queen plus tard : un rock plus rentre-dedans, au refrain accrocheur, précurseur des Breakthru ou Tear it Up.
Les passages plus doux sont aussi très réussis, du magnifique Love of My Life qu’on ne présente plus, avec un Freddie qui banalise le magnifique du haut de son timbre inhumain à 39 où la voix cristalline de May (qui me fait penser à celle de Plant dans Good Company) délivre une superbe ballade à la guitare acoustique, également très jouissive à chanter. Lazing on a Sunday Afternoon apporte aussi une touche humoristique tout en détenant ce « son Queen » avec cette guitare soliste, ces chœurs et ce piano, ou le très music-hall Seaside Rendez-vous, que David Lee Roth aurait adoré chanté.
The Prophet’s Song est un morceau qui combine les deux, calme et tension, entre riff audacieux et partie prog au milieu avec ce canon de Freddie, en roue libre, et cette reprise du riff et des couplets avec ces chœurs « queenesques » toujours plus aigus. Grosse présence de la basse de Deacon pour soutenir le morceau, en prime. Encore du très bon !
Et puis, oui, A Night at the Opera est l’album qui contient Bohemian Rhapsody, une pièce maîtresse de l'histoire de la musique, qui a repoussé les limites du rock en combinant ces célèbres passges musicaux hétérogènes, allant de la ballade au hard rock en passant par des sections d'opéra qu’on ne présente plus. Ce monument non plus, on ne le présente plus : tout a été dit.
Aucun commentaire à faire à propos de l’hymne national, je ne suis pas un anglois.
A Night at the Opera est un album incontournable qui témoigne du génie musical de Queen, mais entaché par l’immonde You’re My Best Friend qui me file la nausée tant il est nigaud. Retenons le reste, et réécoutons I’m in Love With my Car en concert, pour apprécier la plus-value que Freddie apporte en y ajoutant sa voix que quelques secondes