Dans la carrière du groupe le plus génial du monde (pour dire, ce sont les seuls artistes anglais dont je suis vraiment fan), cet album fait figure selon moi de Drapeau. pour plusieurs raisons: la rencontre avec le graphiste qui signera leurs pochette les plus fameuses (bon, pour cet album-là, la pochette, j'adhère pas...), la diversité des ambiances, des titres signés individuellement comme collectivement, la voix des cinq membres est présente, et surtout la présence à moitié de Barett, dont l'influence reste présente, malgré que Wright par exemple fait son œuvre sans rapport avec "the piper gates of dawn". C'est également, et surtout, leur premier album majeur.
"Let there be more light" est captivant. Son intro à la basse fait vraiment figure de portail qui s'ouvre dans un monde ressemblant à la jungle, où des esprits mystiques viennent planer au-dessus d'arbres maléfiques et mystérieux. Comme une ballade bercée par des voix harmonisées comme des véritables chœurs. L'étrange "remember a day" accentue un côté intimiste. Mais aucun titre de cet album, et aucun autre aussi dans la carrière de Pink Floyd selon moi, sera aussi bizarre que "'Set the Control for the Heart of the sun" (rien qu'au titre, j'aurais dû me douter de quelque chose...). Guitares minimalistes, batterie qui se la joue chaman, voix quasi "droguée"... hypnotisant. On voit très bien Waters chanter dans les couleurs sombres d'une scène cette susurration extra-terrestre. "Corporal Cleggs" est juste excellent. La partition du kazoo dépote et entendre Mason pour quelques vers est un plaisir indiscutable. Vraiment superbe. L'ambitieux "a saucerful of secrets" a quant à lui une super intro, mais... le milieu du morceau vire au grand n'importe quoi, à peine beau à entendre. Je peux faire la même chose avec ma famille amputée d'oreilles musicales, y'a pas de problèmes ! Mais... la dernière partie... nommée "celestial voices".... c'est tellement magnifique ! Ils en feront une version meilleure encore dans leur Live à Pompéi. Totalement planante, avec un crescendo magique, tant d'images véhiculent que c'est le sommet de l'album, même si ce n'est qu'un extrait. "See Saw" n'est pas marquant. Pour conclure, de manière ultra-symbolique, "Jugband Blues", qui malgré une ambiance gaie, véhicule un sentiment de tristesse. Un grand moment également. Et la toute-fin, avec la guitare étouffée jouant comme si elle savait que c'était la dernière fois (bref, retranscription de ce que devait ressentir Barett à ce moment-là...) est très émouvante.
Ils ont intrigués, avec cet album ils confirment. Le génie est en marche.