Le départ douloureux du leader Peter Gabriel aurait pu dépouiller le groupe de toute sa créativité. Les fans étaient sûrement terrifiés, terassés, dévastés. Les médias s'apprêtaient probablement à clouer au pilori un groupe qui ne pouvait survivre sans l'immense Peter Gabriel qui m'aura d'ailleurs bouleversé jusqu'aux larmes dans les 2 albums précédents.... Le groupe était à l'apogée d'une carrière remarquable !
Mais bien au contraire, c'est dans la contrainte que se révèlent les talents. Tony Branks, magistral claviériste, auteur-compositeur saisit l'opportunité pour faire rayonner GENESIS avec une signature musciale différente. Phil Collins au micro nous caresse désormais les oreilles avec son grain de voix si planant, soyeux. Une vraie caresse musicale.
Un album que l'on pourrait conseiller à un amoureux de la musique électronique pour s'immerger dans le rock progressif tant le synthé est généreusement présent notamment le final instumental Los Endos. Progressif et.... orgasmique !
Ici on voyage déliceusement dans plusieurs aventures perchées, décalées mais ayant pour corrolaire une grande profondeur au niveau de l'imaginaire, de la volonté de rêver d'autres mondes dorées, merveilleux mais avec une part de souffrance toujours.
Certaines aventures mêlent ainsi folkore, mythes et humour comme Squonk et Robbery, Assault & Battery.
Squonk raconte l'histoire d'une bête immonde, et consciente de sa mocheté, la pauvre passe son temps à se cacher et sangloter ; mais si le monstre est prisé par ses chasseurs, c'est qu'il est dur à capturer : la bête a la particularité de se dissoudre en larmes pour échapper à ses ravisseurs, et le personnage principal en fera les frais (Poule Mouillé, éclaireur)
Citation
L'histoire décalée qui m'a le plus transpercé le coeur aussi bien sur l'écriture que musicalement : A Trick of the Trail : une créature quitte son monde doré pour venir sur terre. Chassée, arrêtée puis emprisonnée, elle devient bête de foire contrainte de raconter son histoire qu'elle ne finit pas ne plus croire elle-même avec le temps et les moqueries d'après ce que j'en saisis. Etait-ce un rêve ou une réalité qui lui échappe désormais, qui lui manque terriblement ?
Le refrain claque, résonne, transperce avec Colins et les bruits au synthé de Banks (une sorte de claquement) ainsi que la batterie.
D'autres sont très lyriques, extrêmement bouleversantes comme Ripples avec une intro à la guitare très folk avant un solo au clavier inoubliable de Banks. Citons également Mad Man Moon qui raconte l'histoire d'un homme, apparemment Anglais qui part en voyage et qui s'aperçoit que dans le désert la perception des choses est inversée. Le message est que tout est relatif, pour un homme du désert, la pluie est une bénédiction, pour les Anglais de Newcastle, la pluie est un malheur. Dans le désert, la pluie est tellement rare que c'est "le rêve d'un dément de Lune". L'un de mes sons favoris... Beau à se dissoudre en larmes comme Squonk ?
Bien mois théâtral, grandiloquent, dynamique que l'album précédent, ce chef d'oeuvre véhicule une forme de douceur inédite, une sensation de planer, d'envie de parcourir des mondes imaginaires irrésistibles avec la voix de Phils Colins sublimée par le claviériste Tony Branks ou bien c'est peut-être l'inverse...
Conditions d'écoute : qualité FLAC via Deezer, casque fermé "ELEGIA" de la marque FOCALE avec un DAC Dragon Fly.