L'âme et le corps usés, nos amis de Liverpool avaient accouché d'un tiedassement inspiré "Let It Be" qui suintait une fin de course qui virait en queue de poisson.
L'album était symptomatique d'un groupe entrain de se désagréger progressivement à coups de sniff, shnouf et de "c'est moi le meilleur, you know".
Face à cet affront indigne de la carrière des Anglais, un dernier effort commun était de mise, et ce malgré le climat délétère qui régnait.
L'éternel môme idéaliste aka Paul McCartney motiva ses troupes fatiguées à fournir cette dernière bataille. Peut-être par un certain jusque boutisme naturel ou plutôt par une non acceptation des réalités, ce qui d'ailleurs mènera le bonhomme en phase de dépression lors de la période post Abey Road.
Alors, souvent on emploi le mot "miracle" à tort et à travers, mais pour le coups il fait tellement sens quand on évoque l'album ci présent.
Car sa cohérence, intelligence, relève d'un véritable amour de l'ensemble du travail accompli par le passé malgré des conditions de recording asthmatiques.
Si les innovations dans le processus d'enregistrements furent acquises précédemment, Abbey Road est le fruit d'une mise en application méthodique de l'héritage engrangé par cette période faite de remise en cause quotidienne des dispositifs de mixage.
Comme si les Beatles avaient conçu un véritable lexique sonore dans lequel il suffisait de s'y référer pour construire à nouveau.
Selon ce manuel du passé, les Anglais composent à travers Abey Road une sorte de best-of exhaustif de ce qui fit leur gloire et reconnaissance.
Même l'heure morose, le groupe n'en a pas oublié de restituer son attitude joyeusement pétillante par une pop classieuse aux arrangements léchées une fois de plus.
Un peu comme un artisan arrivé au sommet de sa maîtrise, le groupe taille, affine, bichonne d'une main expérimentée le produit fini jusqu'à l'obtention de la matière parfaite :
De la délicieusement foutraque Octopus's Garden, en passant par le riff groovy de I Want You (She's So Heavy), jusqu'à son medley final grandiloquent. Une myriade de couleurs, de styles, de sentiments sont synthétisés sous une mise en forme Pop qui n'a plus à faire ses preuves.
Même si l'opus n'arrive pas à constamment conserver son rythme de croisière initié par l'entêtante ligne basse de Come together, ses moments de grâces saupoudrés sur le gâteau suffisent à élever l'album au rang des plus charmantes productions signées Beatles.
Bon moi je repars fredonner dans mon coin,
♪ ♫ I want you I want you so bad I want you I want you so bad It's
driving me mad It's driving me mad
She's Sooo Heaaaaaaavyyyyyyyyyyy♪ ♫