Absolution est un gigantesque miracle. En effet, après un second album, Origin of Symmetry absolument parfait, il était difficile d'imaginer que Muse renouvellerait l'exploit. Il était légitime d'attendre un bon album, un très bon album, mais pas un disque avec des qualités, si ce n'est identiques, capables de rivaliser avec Origin of Symmetry. Et pourtant, c'est ce qu'est Absolution !
Dans un style résolument différent, beaucoup plus calme et maîtrisé, Muse offre un 14 pistes d'une rare qualité. Si Origin of Symmetry respirait la liberté totale et la fougue agrémenté d'une violence inouïe, Absolution incarne parfaitement une volonté de maîtrise, de calme, je dirais presque d'enfermement de la fougue adolescente du groupe.
Il suffit d'écouter le très contrôlé Time is running out, single pop-rock du groupe. Là encore Muse réalise quelque chose digne d'eux : une ligne de basse sexy au possible, une batterie qui martèle tout, une guitare qui ajoute un je-ne-sais-quoi de suave et surtout la voix de Bellamy absolument magistrale. Muse montre qu'ils ont une vision très calme, groovy de leur son, accessible et en même temps qu'ils ne se renient pas. Ce single n'est cependant pas la seule bonne chose que l'album peut offrir.
Déjà la violence est toujours là, comme je disais, elle est plus soignée que Origin of Symmetry. Muse a remplacé le glaive par la flèche, l'épée par le fleuret. On a donc un aspect plus concentré, moins brutal, mais pas forcément moins agressif. Forcément, on pensera au titre Hysteria, bien représentatif de cette agressivité contrôlé. Cette ligne de basse en aura rendu plus d'un fou et là encore l'alchimie parfaite avec le rythme de Dominic Howard. The Small Print et Stockholm Syndrome sont également dans cette catégorie de violence très contrôlée mais particulièrement agressif. On est sous le charme, c'est rapide, vif, aigu. Les notes nous transpercent avec succès. Clairement, Muse n'a pas renié le fait d'être un groupe de rock.
Tentant la fusion entre cette vif agressivité et une envolé plus pop, Thoughts of a Dying Atheist est une tentative de marier ces deux envies.
A côté de l'influence totale de Led Zeppelin, le groupe tend également une maîtrise plus noble qui respire l'influence de Queen. Les pianos et clavier sont bien plus présents. La présence d'orchestre se fait sentir également. Le très calme Sing for Absolution, le bouleversant Butterflies and Hurricanes et bien sur, difficile de ne pas mentionner l'imposant Apocalypse Please qui ouvre l'album après une intro des plus respectables.
Blackout apparaît après Hysteria comme presque brulant tant ce morceau est doux, évanescent même. Il renvoie évidemment à Falling away with you (qui précédait un Interlude malin) autre titre d'amour, légèrement pop-folk dans les sonorités. Endlessly met bien en avant la qualité des claviers et de la batterie, sans que les deux ne prennent, pour autant, le même chemin et s'unissent comme seul la basse et la batterie savent le faire. Enfin, sans tenter d'aller trop loin mais rappelant les envolés lyriques et grandiloquentes de Bellamy, Absolution se termine sur l'agréable Ruled by Secrecy.
Aucun doute, Muse sait surprendre son public et sans se trahir, sans se répéter, réalise un album absolument incroyable et résolument réussi à 100%.