Afterburner
6.7
Afterburner

Album de ZZ Top (1985)

Les meilleures choses viennent parfois des pires malentendus. Pour beaucoup (et pas seulement les admirateurs de ZZ Top), Afterburner est ainsi ce qu’il est convenu d’appeler une bouse. Une trahison, une infidélité, bref un sale coup de poignard dans le dos de ce pauvre blues, déjà bien malmené dans ces années 80 où le synthétique régnait d’une main de fer.

Gibbons et consors, qui pourtant avaient défendu leur style bec et ongles depuis près de vingt-cinq ans, semblent n’en avoir eu cure (si l’on peut dire). Car après le sympathique métissage d’Eliminator (quelques synthétiseurs faisaient leur apparition, la batterie était déjà plus robotique), ils se lâchèrent donc carrément, quitte à vendre papa blues et maman hard au plus vénal des parrains de la dance. Résultat : un disque plus bâtard que jamais, où les guitares les plus grasses côtoient avec bonheur les rythmiques les plus fluos.

Il y a un aspect résolument jouissif à se dire que le blues peut ainsi être aussi balancé que la dance et vice et versa. Et en cela, d’une certaine manière, Afterburner doit ressembler au rêve ultime de tous les artistes qui ont fait de la musique électronique par carence technique dans les années 1980 et 1990. Car ce neuvième effort du trio texan est bien un vrai disque de vrais musicos : les soli de Gibbons sont brûlants, la dextérité de Frank Beard aux fûts (pads ?) sert un groove d’enfer (écoutez-moi donc cette intro de « Velcro Fly » !), et derrière, comme toujours, Dusty Hill assure le minimum en troquant sa basse contre des synthés-basse martiaux à souhait.

Alors ok, Afterburner est peut être un disque d’hérétiques opportunistes. Mais ça n’en est pas moins le meilleur album eighties de ZZ Top, devant les gentiment faux-derches Eliminator et Recycler. Parce qu’il est concis, efficace, droit dans ses bottes. Parce qu’il est aussi drôle que kitsch, aussi révolutionnaire que fun.


Francois-Corda
8
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Créée

le 16 sept. 2018

Modifiée

le 14 juin 2024

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François Lam

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