Prout

Album qui fait mal au crâne.

Alors ouais, ça m'a toujours bien fait marrer les délires de Vald, son côté décomplexé, ses envolées vocales débiles et sa façon de surprendre en faisant des sons qui sortent de l'ordinaire. Mais dans cet album il cristallise maladroitement plusieurs facettes, entre du rap mi-engagé, du non-rap quelques fois provocateur et du rap très abscons. Je ne sais pas si c'est voulu ou pas de sa part, mais c'est l'un des rares artistes du rap français à jouer avec mes nerfs, j'ai cette mauvaise impression qu'il essaye de tester "l'auditeur", ou peut-être qu'il s'en balec' royalement et qu'il se pose même pas la question en studio et c'est ça qui soulève un autre 'blème : avec les NQNT (donc ni queu ni tête), comme le titre le démontre, il ne traçait pas forcément une ligne directrice pour ses sons, il le disait lui-même, "jetant dans la mare" des musiques aux sonorités diverses, variées et qui sont pas forcément liées les unes aux autres. C'est fun sur une mixtape, pas sur un album.

Là, et dans un sens c'est pour cela que j'étais vraiment impatient de l'écouter, Agartha représentait un plus grand défi pour Vald, le moyen de montrer ce qu'il valait sur un vrai album de 17 pistes, c'est pas rien quand même ! Balancer un titre mélancolique avec une histoire de cœur comme "Je t'aime", ou un titre puissant qui va tout défoncer sur scène comme "Blanc" et puis foutre entre les deux un "Lezarman", ça te ramène sur terre et ça te coupe dans le délire du précédent son et ça te brouille l'esprit pour le prochain. Vald c'est le mec qui peut te faire chialer et deux secondes après faire une blague pourrie qui nique tout, c'est le mec qui pourrait rigoler à un enterrement par affection pour le défunt, il est dérangé et ça aurait pu bien marcher. Donc évidemment, sa vocation à vouloir jouer du rap, de s'en moquer parfois plutôt que de se prendre au sérieux, c'est un bon fond de commerce pour lui et c'est tout à son honneur, mais ce n'est pas ma came pour le coup, ou du moins à petite dose. Par exemple Damso, j'en parle vu qu'il est sur l'album, avec Batterie Faible on aura beau dire ce qu'on veut, c'est l'exemple parfait du mec qui pose sur des prod's qui se différencient, tout en changeant de flow sans perdre son identité vocale et en alimentant du premier titre jusqu'au dernier une même atmosphère, alliant des valeurs humaines et universelles (l'espoir, le regret, la fierté, l'amour) et l'humour sale, sans tabous. Tout ça à la fois. La comparaison est peut-être foireuse, mais si Vald l'a invité sur son projet ce n'est pas pour rien, il se reconnaît dans les paroles un brin macho de Damso, ils ont tous les deux aussi un côté "trash-talking". Mais Vald doit continuer de peaufiner ce côté là avec le travail. Damso, lui, le fait avec talent, sans forcer.

Bref, Agartha c'est du NQNT en un peu mieux maquillé, ça manque de chaleur humaine, il y a beaucoup de répétitions dans les instru's. Et son délire de reptiliens et de complots c'est pas mauvais comme idée, c'est juste mal exécuté. Je retiendrai 3-4 sons grand max. Dommage, la pochette claque des fesses.

A la limite ça peut faire tripper les gens qui se défoncent à la fumette et qui lâcheront leur petite larme sur "Petite Chatte", ils pourront se persuader intérieurement que "Vald est un putain de génie incompris".