De son vrai nom Aldo Caporuscio, Aldo Nova est un artiste canadien, reconnu dans son pays pour être un compositeur et un producteur de grand talent (Patrick Bruel, Garou, Céline Dion grâce à laquelle il a quand même reçu un Grammy Award). Evidemment, ce n’est pas encore le cas en 1982 lorsque sort ce premier album qui explose tout dans les charts américains et canadiens. Avec plusieurs hits à son actif, ce premier opus possède toutes les qualités nécessaires pour attirer l’attention des amateurs d’AOR, les fans de hard rock mélodique et même l’auditrice de radio plus habituée à la pop. En France, Francis Zégut passe régulièrement le morceau « Fantasy » dans son émission Wango Tango. Basé sur un riff simple et une mélodie lancinante aux claviers, cette chanson est un petit chef d’œuvre d’inventivité qui semble annoncer les premiers Bon Jovi (écoutez « Runaway » et « Roulette » et vous comprendrez). Tout est excellent sur ce titre, aussi bien les guitares que les mélodies vocales, les arrangements futuristes que les chœurs, les claviers que la production.
Débuter un premier album par un hit n’est pas donné à tout le monde, le poursuivre par d’autres compositions de grande qualité est encore plus rare. Le hard FM « Hot Love » est pourtant un parfait exemple du talent du musicien. Plus puissant que le précédent, il se base sur un riff hard rock évoquant April Wine. Plus rapide encore, le bouillant « Heart to Heart » montre la face rock d’Aldo Nova qui parvient à alléger un rythme rapide par des nappes de claviers et des chœurs sucrés sans rendre l’ensemble indigeste. Dans un style hard FM, « It's Too Late » et « Under the Gun » sont des petits bijoux de fausse simplicité que met en valeur une voix d’une rare clarté. Si la proximité des Who est à noter sur le premier, le second est porté par un riff proche de Survivor. La gestion des intensités est remarquable sur ce titre, comme sur bien d’autres d’ailleurs. A commencer par « See the Light », une exploration pop AOR, pleine de nuances, qui joue avec des motifs jazz pour mieux nous surprendre, tout en faisant la part belle aux guitares.
Aldo Nova sait jouer avec l’auditeur, le conduisant sur un sentier, pour mieux le dérouter une fois amené là où il le souhaitait. Après trois titres plutôt rock, le chanteur nous étonne avec la ballade « Ball and Chain », parfaitement maîtrisée et jamais mièvre. Sur un rythme binaire, il construit une jolie narration qui s’intensifie dès l’arrivée du refrain. Autre power ballad, « Can't Stop Lovin' You » remplit tous les critères pour passer sur les ondes américaines de l’époque, avec ses jolies mélodies et son nappage de claviers. C’est impeccable, sans défauts et superbement interprété. Malgré toutes leurs qualités, ces chansons n’égalent pourtant pas l’autre hit de l’album qu’est « Foolin' Yourself », une vraie bombe AOR qui débute a capela pour nous faire croire à une ballade, mais qui s’emballe pour devenir un hymne à mi-chemin entre Toto et Bryan Adams. On comprend pourquoi les Canadiens et les Américains ont été emballés par ce titre.
En dix morceaux, Aldo Nova met tout le monde d’accord et accouche d’un album de grande qualité. Il atteint la huitième place du Bilboard et devient double platine. C’est mérité.