"Nights we hide between the walls, and voices leading on the ground."
Si j'écris là, ce n'est pas vraiment pour faire la critique de Algiers mais pour vous signaler quelque chose : si vous avez l'occasion, foncez sur la version 2 CD.
Non, parce que Algiers en édition simple, c'est déjà très bien, un bon cru de la part du groupe, mais l'édition 2 CD, pardon ! C'est bien simple, Spiritoso (le disque bonus) écrase complètement le disque censé être "principal". Un truc de fou, qui, sous la forme d'un live avec orchestre, intègre, comme ça l'air de rien, les 10 ou 20 meilleurs disques que j'ai pu écouter.
Mais revenons sur Algiers. C'est un disque tout à fait remarquable, dont le principal défaut est de ne pas surprendre. Le groupe continue, à travers son rock délicat et lyrique, à tracer des ponts entre les États-Unis, le Mexique et, petite nouveauté, Cuba. Les compositions sont finement ciselées, mais le style du groupe, déjà bien affirmé, n'évolue que très peu : tout au plus peut-on déceler une tendance à se diriger vers un rock plus classique qu'auparavant (le cas "Garden Ruins" mis à part).
De ce fait, il y a peu de chance que votre avis sur le groupe ne change avec ce nouveau disque, et si vous aimiez leurs précédentes productions, vous pouvez vous diriger vers lui sans inquiétude. Si vous ne connaissez rien d'autres d'eux, alors Algiers s'avère être une excellente porte d'entrée, avec des morceaux d'une efficacité lyrique redoutable (quoiqu'on ne puisse pas dire que le groupe soit difficile d'accès, de toutes façons).
Voilà, donc pour résumer, Algiers c'est très bien, et Calexico signe, comme à son habitude, un album tout à fait réussi. Pourtant, après écoute de Spiritoso, il apparaîtrait presque en demi-teinte.
Spiritoso, donc. Un live avec orchestre symphonique. C'est dément.
Par le choix des morceaux, déjà (Black Heart ! Para ! Crystal Frontier !). C'est bien simple, non content d'être un disque parfait, Spiritoso ferait, pour les novices, un magnifique best-of du groupe.
Par la qualité d'enregistrement ensuite. Le son est à la fois précis et ample, et l'orchestre (ou plutôt les orchestres, puisqu'il y en a 2 différents), magnifiquement mis en valeur, donne du volume aux chansons, qui sont dès lors d'une puissance lyrique sans équivalent.
Et par la redécouverte des morceaux que la présence d'un orchestre implique, enfin. Dans le pire des cas, cela fait une excellente alternative au morceau d'origine. Ainsi, on pourrait reprocher à Crystal Frontier de traîner un peu dans sa première partie, mais dès que le morceau s’accélère, on est emporté, on s'envole, et on oublie aussitôt le début de la chanson. Mieux encore, quand on y revient, on apprécie d'autant plus cette pause, ce moment de calme que le groupe s'accorde.
Quant au meilleur des cas, c'est bien simple, le morceau est complètement transformé, transcendé. Ainsi, Inspiracion passe du statut de morceau sympathique mais un peu fade à un truc génial de bout en bout, qui alterne avec brio entre passages tout en retenue et explosions de violons d'une puissance incroyable. Idem pour Two Silver Trees, qui manquait quelque peu d'ampleur : l'arrivée de l'orchestre change cela et en fait un morceau absolument épique !
Dans l'ensemble des cas, les morceaux (qui étaient déjà excellents, rappelons-le), gagnent en finesse, en ampleur, et en efficacité, et le tout est parfaitement équilibré, alternant entre moments grandioses et passages plus calmes, tout en douceur (souvent au sein du même morceau).
Non, vraiment, Spiritoso est remarquable à tout point de vue, et ce serait dommage de s'en priver.