Si Dupieux s'en sort plutôt bien dans son univers cinématographique, s'étant bien rattrapé après l'affreux étron qu'était Steak, il n'en est rien niveau musical. Certes le bonhomme aime bien sortir des cadres, c'est même son truc, c'est pour ça qu'on l'aime. Quand il nous proposait Moustache (Half A Scissor), Quentin essayait, expérimentait son univers. Il avait pas une thune, l'ancien garagiste, à filmer Kavinsky caméra à l'épaule. Mais on aimait bien, c'était un bon délire.
Puis, comme au niveau cinématographique, il a trouvé son créneau, très précisément à partir du moment où il a rejoint la famille de Busy P. Si Lambs Anger est pour moi son meilleur album avec Analog Worms Attack - en dehors de Rubber, excellente OST sublimé par un mec qui a définitivement du talent, Gaspard Augé - la suite n'a clairement pas été aussi glorieuse. Sa musique est devenue une parodie de lui-même. Sur Stade 2, c'était assez rigolo, il se moquait de ses fans réclamant une suite de Flat Beat avec Douche Beat. L'album était moyen, pas grand chose de pertinent mais on se marrait bien quand même. Après, le voilà embarqué chez FlyLo. Là, ça se gâte, en 2014, The Church n'a pas grand chose pour lui, musicalement c'est pauvre, ça sonne redite, la formule fonctionne moins, c'est un peu comme une nouvelle comédie d'Eric et Ramzy.
Je dois reconnaître avoir perçu une lueur d'espoir dans son EP Hand In The Fire, avec une production un poil plus léchée, et le très drôle A Rekurd, samplant la voix de ce cher français casqué mondialement connu. Le morceau titre était l'exemple même que le bonhomme sait faire de ses prods de vrais bons morceaux pop, comme il avait déjà fait par le passé en remixant Jamelia, Uffie, ou la fameuse Carmen Castro, dont nous ne saurons jamais s'il s'agissait vraiment d'Amanda Blank...
Ce qui nous amène à All Wet, clairement un foutage de gueule, ni plus ni moins. A un point où l'on peut clairement imaginer Oizo se frotter les mains devant son laptop/studio portable en vous imaginant kiffer le morceau le plus pourri qu'il arriverait à faire.
Clairement, en écoutant cet album, c'est cette sensation qui m'est apparue de suite. Musicalement, c'est le vide, Chairs en tête, et les quelques rares morceaux à sauver restent loin de ce qu'il a fait ne serait-ce que sur l'EP d'avant. Certains morceaux sonnent juste comme un prétexte pour qu'il sorte sa caméra et s'amuse dans son délire qui ne plaît souvent qu'à lui (en dehors des excellents teasers, peut être ?). Entre un Siriusmo en panne d'inspiration récente quand il bosse avec les autres, un Boys Noize tout autant paumé qu'avec le faux White Label (pourtant reconnaissable à l'oreille) de ses propres potes et une version clairement Skrillex-dégueulasse-ienne de Hand In The Fire, il n'y a vraiment rien qui retienne l'envie d'être rejoué. A chaque fois on espère qu'il se lasse de sa formule et propose un vrai album, comme il y a maintenant des années, et... on attend toujours ce moment.
Et le pire, c'est qu'il faut se dire qu'un mec a sûrement du mixer All Wet. Genre, vraiment.