Amok
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Amok

Album de Atoms for Peace (2013)

Amok définit le premier véritable album du groupe Atoms For Peace, formé naguère en 2009 durant la tournée de concerts accompagnant le projet solo de Thom Yorke, The Eraser. Plus que la réunion d'artistes ayant collaboré avec bon nombre de groupes emblématiques issus de ces 25 dernières années, des Red Hot Chili Peppers à R.E.M, Atoms For Peace traduit l'expression d'un esprit qui n'a eu de cesse de repousser le champs de son expression musicale, et ce, depuis un certain Ok Computer paru il y a quinze ans… Car avant d'être un disque estampillé Atoms For Peace, Amok doit se comprendre comme le prolongement d'une pulsion chronophage, émergée des entrailles du leader de Radiohead, dont l'appétit musical semble décidément insatiable.

Aux premières écoutes du disque, la palpabilité d'avoir le nouveau Radiohead entre ces tympans est saisissante. Transitions des rythmes affirmées par un jeu de bass à l'amplitude généreuse, cadences des rythmes distillés par des beats électroniques aux spectres sonores étoffés, participent à la réminiscence de certaines compositions "radiohediennes". Impossible alors de décrocher du mouvement de la basse de "Stuck Together Pieces" sans repenser au swing de "Little By Little" (The King Of Limbs). De même lorsque les beats écrasants de "Dropped" ravivent ceux ressentis sur "All I Need" (In Rainbows), on ne peut que ressentir tout le travail fournit par Thom Yorke avec Radiohead dans la chair de cet album. L'interpénétration entre les deux groupes étant d'autant plus probante, que certains morceaux du dernier album de Radiohead ("Lotus Flower"), ont été élaborés au préalable via les sessions live du groupe Atoms For Peace alors en état de gestation.


ll est évident que le fantôme de la bande d'Oxford plane sur ce disque, mais à fortiori, Amok offre une nouvelle palette sonore, certes de couleurs connues, mais dont le mélange réussit à révéler des tons aux teintes saisissantes. "Reverse Running" et "Amok" distinguent ainsi toute la verve de Yorke pour ne pas s'incliner devant des horizons majestueux mais devenus trop communs. Cette aversion palpable sur tous les autres albums de Radiohead est également présente sur ce disque, poussant celui ci dans une spirale indéfinissable, tourbillon sonore qui atomise tout contour devenu trop régulier. Certes les morceaux répondent à des structures répétées et déterminées, mais ces dernières implosent régulièrement, pressées par une polyphonie générée crescendo.

Le courant électronique parcourant le disque conduit ce dernier dans une sorte de frénésie rythmique, un biais non étranger aux dernières aspirations de Thom Yorke pour des Dj Set épaulé par sa fidèle ombre, Nigel Godrich. Une certaine humeur pour la danse, où les membres frémissent dans des spasmes compulsifs, attitude traduite en ce sens depuis les lives de Radiohead période Kid A, où le corps de Yorke se mis à dessiner une chorégraphie chamanique, possédé par un esprit voulant s'affranchir des limites du corps qui l'emprisonne. Frénétique la musique d'Atoms For Peace l'est, et les morceaux présents sur ce Amok ne cessent de porter le disque dans un élan continu, riche de surprises auditives ô combien enthousiasmantes !

Oeuvre posthume à Radiohead ou geste artistique nécessaire au génie créatif de Thom Yorke, Amok affirme et confirme une liberté esthétique qui fait du bien aux oreilles. Directe et compulsive, la musique délivrée par Atoms For Peace frappe là où çà fait mal, jouant sur une production sonore élaborée (merci Godrich), à l'appui d'une électronique qui ne renie pas l'instrumental. Pour ce dernier je retournerai cependant aux derniers échos "guitaresques" de "Separator", que seule l'alchimie de Radiohead est encore capable de produire.
boudanight
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le 27 mars 2013

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