An Awesome Wave par alfextra
Où est la démarche créative dans le nom d'un groupe ? Qui et pourquoi, un jour, quelqu'un s'est dit : "Tiens, si on s'appelait les Scarabées (Beatles) ? Et pourquoi pas les pierres qui roulent (Rolling Stones), les bandes blanches (White Stripes) ou encore les portes (Doors) ?" Comment l'imagination peut-elle sortir des noms aussi improbables ? Qu'importe finalement, qu'on s'appelle les portes, les pierres ou autres, ce qu'on retient de ces groupes mythiques, c'est bien leur talent. Loin de moi l'envie de comparer le groupe chroniqué ici-même avec les maîtres intemporels cités au-dessus mais, point de vue nom étrange, le groupe Alt-J (correspondant à un raccourci clavier pour faire un triangle sur Mac: ∆) se pose-là. D'ailleurs, du côté du talent, on tient quand même un gros morceau avec ce premier album du groupe, An Awesome Wave.
Comme d'habitude en musique, notre meilleur ennemi, la perfide Albion, nous sort de son chapeau un groupe phénomène (provenant de la ville de Leeds) fait de 4 jeunes hommes s'étant connu dans une école d'arts plastiques. Ces derniers ont justement mis du temps à trouver leur nom. D'abord appelés Daljit Dhaliwal, puis FILMS, ils décident enfin de se renommer tout récemment Alt-J.
Bon, après mon laïus sur ce nom étonnant, qu'en est-il de la musique ? Et bien nous voilà confronté à un groupe étrange, qui mélange les genres. L'electro y côtoie le rock, le folk et le hip-hop. La musique est déstructurée, en constante mouvance, le rythme se casse à tout-va. Parsemé d'interludes dédiées chacun à un instrument (voix, guitare, piano) et d'une introduction troublante (à la mode The XX), le CD envoie ces pépites au grès de son déroulement. Le premier single Breezeblocks résume d'ailleurs à lui seul le pouvoir d'attraction du groupe. Le chanteur joue avec sa voix, les choeurs et les canons sont omniprésents, le tout est épatant de maîtrise.
En parcourant le CD, on y retrouve les réminiscences de groupes comme Fleet Foxes ou Local Natives dans cette utilisation de la voix comme d'un instrument à part entière. Mais là où les deux groupes précités se bloquent avec talent au folk-rock, Alt-J expérimente. Certaines de ces expérimentations sont ainsi des réussites incontestables (Dissolve Me ou Fitzpleasure) mais les morceaux à structure plus classique ne sont pas en reste (Matilda). L'album dans son ensemble est particulièrement plaisant, voire franchement excellent sur certains morceaux et mérite une écoute attentive.
Alt-J figurera assurément parmi les révélations de l'année. Des rythmes enjoués, une belle créativité, un mélange de genres qui détonne. On attend avec impatience de voir ce que ça donnera sur scène.