Damien Jurado c’est un peu l’ami américain, le pote chanteur qui nous donne régulièrement des nouvelles (9 albums en 9 ans) de son Ouest natal, poursuivant la légende du songwriter ricain seul et perdu dans les grands espaces. Un bonhomme triste, mélancolique mais avec une classe folle et une dignité de géant. Avec ses derniers albums, Damien Jurado avait tenté de mettre un peu plus de rock dans son folk décharné, se rappelant sans doute que Seattle, sa ville, a été le berceau du grunge (et Sub pop son premier label). Avec And now that I’m in your shadow, il revient à l’essence même de son expression et range l’électricité au vestiaire. Sa guitare acoustique ne trouve, essentiellement, comme
compagnons un piano et un violoncelle. Et quand Damien Jurado abandonne ce dénuement qui rend hommage à la beauté naturelle de ses chansons, il étend sa palette musicale en parfaite intelligence. Avec une sensibilité extrême, il ne réintègre la batterie que pour se servir de la résonance des cymbales et n'y ajoute la guitare électrique que pour entamer une conversation avec les étoiles, créant un univers de rêveur lunaire (le somptueux morceau-titre). Avec lui, la boîte à rythme ressemble au chant des cigales et les claviers ont la chaleur d’une lampe à pétrole qui humanise votre campement (What were the chances). Beau disque tout simplement.