Animals
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Animals

Album de Pink Floyd (1977)

Après l'industrie musicale, la politique

S’il y a bien une chose que j’ai appris de Pink Floyd, c’est qu’il ne faut jamais lancer un de leurs albums sans être véritablement prêt. Il suffit d’écouter The Wall pour se rendre compte de toute la puissance de leurs morceaux réunis ensemble dans un même disque.
Cette fois, dans l’inlassable trajet qui me menait à mon internat, je me suis lancé dans l’écoute d’Animals. Sans doute moins mythique que The Wall ou Dark Side of the Moon, Animals était un album qui m’intriguait plus que les autres. Pourquoi ? Je ne sais pas. Probablement grâce à la pochette. Je ne sais pas.
Sans scrupule, j’ai abandonné des discussions d’ados avec des amis du car pour m’isoler dans la musique. Je n’en suis ressorti que 45min plus tard, troublé, désorienté.
Animals n’est pas aussi psychédélique et incernable que The Wall mais il demeure redoutable. Autant le dire tout de suite, je n’ai pas fait gaffe aux sens des paroles. Et puis, de toute manière, quand Waters s’occupe de l’écriture, il a plutôt tendance à laisser parler les instruments. Voilà donc ce qu’est le fameux Animals. Cinq titres, deux excessivement courts, trois excessivement longs. Cinq morceaux liés ensemble par des noms d’animaux : cochons, chien, chèvre (si je me trompe pas, c’est écrit Sheep). Une virée étrange dans un monde de musique sans véritable repère. C’est comme ça que je les vis mes écoutes de Pink Floyd. Un voyage dans la musique qui peut s’avérer douloureux des fois, mais qui nous change, qui nous marque.


Deuxième critique écrite en novembre 2018


Après s'être attaqué à l'industrie musicale en partie responsable de la chute de leur premier leader Syd Barrett, les Pink Floyd, qui ont déjà prouvé leur talent mille et une fois s'attaquent à un sujet bien plus épineux, la politique.


Sur une idée de Nick Mason mais entièrement reprise par Roger Waters dans la forme, les Floyd s'inspirent du roman La Ferme des Animaux de George Orwell qui y dépeint une ferme dirigée par les cochons, où les chiens sont les soldats et le reste des animaux, des sortes de moutons. Métaphore géniale de notre société qui sera donc la base même de cet album.


Si certains parlent de The Wall comme étant l'album de la rupture du groupe, je pense qu'on peut largement dire qu'Animals en est à l'origine. Ici, il n'est plus question d'un groupe, on est bien face à un album de Waters, que ce soit au niveau des paroles et de l'ambiance. D'ailleurs, l'entièreté des paroles a été écrite par Waters, à l'exception de Dogs, co-écrit avec David Gilmour. Le guitariste quant à lui se concentre d'avantage sur la musique en elle-même bien que grandement dirigée par Waters.


Concernant Mason et Wright, ils n'ont pas vraiment leur place dans la création artistique de l'album et se contentent d'être présents. Ça se ressent particulièrement sur Wright, sa présence est réduite et on ne ressent aucunement sa patte (contrairement à Wish You Were Here ou Division Bell).


En bref, on a là un album Pink Floyd avec un penchant purement Watersien mais qui, contrairement à The Wall, sonne assez Floyd pour plaire à la majorité.


Revenons alors à la structure de l'album, trois grands morceaux avec des noms d'animaux, Dogs, Pigs (Three Different Ones) et Sheep. Ainsi qu'un morceau découpé en deux, Pigs On The Wing qui encadre en quelque sorte l'album, servant donc d'introduction, mais aussi de conclusion. Et c'est par ce morceau qu'on va commencer.


Certains trouvent la présence de Pigs On The Wing injustifiée, il est vrai que le véritable intérêt de l'album réside dans les trois morceaux piliers, cependant, ce morceau arrive parfaitement à introduire l'album et offre un sentiment assez rare : le calme. Animals est un album violent, qui a du mordant et qui part dans tout les sens, et je trouve ça bien que Pigs On The Wings prépare le spectateur. Une petite ballade acoustique des plus sympathique, j'aime.


Mais à peine a-t-on le temps de savourer Pigs On The Wing (c'est court), qu'enfin, Animals entre dans le vif du sujet avec Dogs. Gigantesque morceau de dix-sept minutes et on a bien le temps de s'en rendre compte. On pourrait diviser le morceau en trois partie. La première est chantée par Gilmour, c'est d'ailleurs la seule fois où on l'entendra de tout l'album, cette partie est parsemée de bruitages étranges et de cris de chiens. Les paroles se veulent démoralisantes, elles s'adressent au chien de la société, qui doit constamment être sur ses gardes pour obtenir la place qu'il veut, et se savoir fourbe (« Tu dois gagner la confiance des gens à qui tu mens/ de sorte que dès qu'ils te tourneront le dos/ tu pourras les poignarder).


Dogs se distingue également de son solo incroyablement puissant, on sent la hargne de Gilmour et la rage qu'il met dans son jeu de guitare pour ensuite repartir des plus belles dans ses envolées lyriques. Quand enfin, une certaine pose vient s'installer dans le morceau. Une pause de cinq minutes avec des notes au clavier qui viennent se répéter. Cette aparté rappelle celle d'Echoes dans l'album Meddle, une aparté qui prépare au final dantesque du morceau. Bon, je trouve ces cinq minutes trop longue dans Dogs, c'est d'ailleurs ce qui m'empêche de lui mettre dix.


Parce qu'une fois que la guitare acoustique réapparaît, puis la voix de Waters, continuant de rappeler la fourberie et la violence des chiens, c'est absolument parfait. Gilmour rejoue son solo, pour ensuite conclure le morceau d'une puissance incroyable comme les Floyd savent si bien le faire. Au bout de dix-sept minutes, on conclût le morceau Dogs la bouche bée, et pourtant, le meilleur reste à venir.


Car apparaît alors des cris de cochons, c'est le début de Pigs (Three Different Ones), certainement mon morceau préféré de tout l'album. Véritable critique satirique de politiciens véreux, la comparaison est simple, ces gens sont des porcs, et sont démasqués. De sa voix moqueuse, Waters se fout de la gueule de ces politiciens jurant la main sur le cœur, des absurdités à n'en pas finir. La phrase la plus génial de tout le morceau restera «You're nearly a good laugh/ but you're really a cry ».


Ici encore, le morceau est divisé en trois partie, dont la deuxième est une aparté musicale. Ici, les membres du groupe s'amusent à imiter des bruits de cochons, pour revenir à la charge pour une partie finale des plus démesurées. Dernier couplet de Waters au chant, continuant de se moquer de ces politiciens véreux, pour conclure sur un des solos de Gilmour les plus dingues qu'il ait fait. Rarement on aura autant ressenti de rage de sa part tant il semble frapper ses cordes de toute ses forces. Je trouve juste dommage que le morceau s'achève en fade out, là où Dogs avait eu droit à un véritable final grandiose. C'est pourquoi, il faut écouter Pigs Three Different One en live pour savourer toute la folie du morceau.


Bref, il est maintenant temps de s'attaquer aux moutons qui suivent le troupeau sans réfléchir. Et à vrai dire, de tout les morceaux de l'album, Sheep est certainement celui qui me marque le moins. Le morceau débute par des cris de chèvres, avec une petite partition au clavier par Wright (probablement son seul moment de gloire de l'album) pour être ensuite aspiré par la folie destructrice de Waters. Que ce soit au chant où dans les instruments, le morceau respire la folie et l'anarchie tellement tout part dans tout les sens. Et c'est peut-être pour ça que je ne réussi pas à me faire un avis globale de Sheep, parce que c'est un morceau tellement dingue qu'il me perd constamment au bout d'un moment. Je lui reconnais cependant son indéniable qualité, mais il faut s'accrocher pour venir à bout d'un morceau comme Sheep.


Tout comme Pigs (Three Different Ones), Sheep se finit en fade out, ce que je trouve dommage, mais le morceau transite cependant merveilleusement bien avec la conclusion de l'album, la deuxième partie de Pigs On The Wing. Retour au calme, à la guitare acoustique tranquille et mélodique, Waters nous fait ses au-revoir, c'était Animals, et passez une bonne nuit.


Et cette seconde partie de Pigs On The Wing justifie parfaitement la présence de ces deux morceaux, car on aurait finit l'album par le fade out décevant de Sheep que l'album ne nous aurait pas apparu aussi marquant. Ce morceau final nous laisse simplement le temps de nous remettre de nos émotions après la claque procurée par l'enchaînement de Dogs, Pigs et Sheep.


Pour conclure, on peut aisément dire qu'Animals est l'un des albums les plus maîtrisés du groupe, tant par sa forme que son fond. Un album unique en son genre, tant par son propos viscéral que par son audace. Un album qui, certes, est plus l’œuvre d'un seul membre que de l'ensemble du groupe (la preuve, Gilmour n'a jamais voulu rejouer ces morceaux en live), mais qui n'en demeure pas moins incroyablement bon, et un indispensable des Pink Floyd.

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le 1 déc. 2016

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James-Betaman

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