En 1977, j'avais 7 ans, et déjà le mot Punk était parvenu à mes oreilles. Le monde, au moins pour la musique, changeait.
Pink Floyd avait à gérer avec plus ou moins de panache le succès de Dark Side et de Wish You We're Here.
Malgré un aspect plus lisse, plus progressif, plus coulant que Dark Side, Wish You apparait résolument plus rock et plus brut. Et les morceaux qui vont alors alimenter Animals sont depuis longtemps joués et expérimentés en live.
C'est pourquoi, cet album est pour moi indissociable des 2 précédents. Une suite logique, l'aboutissement d'une trilogie.
Mais le ton a changé. L'ensemble est plus dur, direct, incisif. Terminé les longues plages progressives, douces et éthérées, place au rock.
Roger Waters signe la quasi totalité des titres, et laisse désormais peu de place à ses "collègues de travail".
Loin du coté planant et progressif pop que le groupe véhicule, la musique est devenu plus "rentre dedans" et le message beaucoup plus incisif et cynique. D'ailleurs, à l'époque on parlait de "Punk Floyd" tant le contraste avec les précédents albums était saisissant.
Waters nous expose sa vision du monde, clairement basée sur Animal Farm de Orwell. La société se divise en 3 types :
- les chiens, la petite bourgeoisie, force coercitive au service des cochons.
- les cochons, grande bourgeoisie, qui détient le pouvoir et se vautre dans le luxe et l'abondance.
- et les moutons, aveugles et soumis...
Au delà du message, la musique propose pourtant, à mon avis, ce que Pink Floyd pouvait faire de mieux. Gilmour (vexé de sa faible participation à l'écriture ?) nous abreuve d'un jeu de guitare très inspiré et efficace. Direct et simple, Gilmour impose alors un jeu aussi bien en rythmique qu'en solo qui restera, pour moi encore, ce qu'il a fait de mieux.
L'album s'ouvre et se ferme sur 2 mêmes morceaux à la guitare acoustique. Véritables petites perles introduisant et concluant cette sombre vision de l'humanité.
La pochette est à l'image de l'ensemble du disque : froide, implacable, agressive.
On est vraiment loin de tout ce qui a fait la renommée du groupe, et pourtant pour moi, c'est cet album que je préfère. Le plus brut, le plus efficace... Le plus animal ?