chronique écrite en 2008
On imagine déjà Nagui souriant de ces 72 dents en accueillant dans Taratata, Jaymay. L’animateur s’exclame « que c’est bel et bien là de la VRAIE musique, de celle qui part du cœur » et accessoirement proposant à la New Yorkaise une reprise d’un standard folk (Suzanne Vega ? Joanne Osborne ? déjà un titre de Feist ? ) avec une autre chanteuse à guitare, Française cette fois-ci - histoire de montrer qu’il se passe vraiment quelque chose sur le plateau. L’avenir est presque déjà écrit et Jaymay va avoir un succès certain de ce côté-ci de l’Atlantique. Ce sera sans doute justice : voix maîtrisée et mélodie solide sont les bonnes bases assurées par la jeune femme. Souvent seule instrumentiste de ces morceaux (on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même) parant volontiers ces jolies balades de cordes (Blue skies) ou d’un délicat accordéon (Autumn fallin), Jaymay est une vraie chanteuse populaire, mélancolique mais toujours solaire et bien comme il faut.
Un peu trop peut-être, cet album manquant cruellement d’un brin de folie, de quelques écorchures qui en auraient fait une œuvre plus personnelle (on est loin en ça de Tara Jane O’Neil, Dawn Landes, Joanna Newsom et d’une flopée d’autres). En même temps qui s’en soucie. Sûrement pas le grand public qui fait un triomphe à la fadasse Norah Jones, sûrement pas Nagui grand amateur de chanteuses vraies. En voyant le track listing de prime abord et un morceau de carrément 9’50, on pouvait imaginer que l’on sorte cette fois au moins du format et du consensuel. Raté : You’d rather run est une gentille valse désuète. Sympathique comme le reste de l’album mais pas transcendante.