Deux ans après son retour, Scanner livre un nouvel album en ayant à nouveau changé de personnel. Ce ne sont plus quatre, mais six musiciens qui œuvrent à présent dans ce groupe devenu international. L’apport d’un claviériste change également la donne, tandis que le chanteur a opté pour un nouveau pseudonyme presque aussi ridicule que celui de l’album précédent. Le son a, lui aussi, été modifié, ainsi que le style du groupe. Les éléments thrash et speed metal encore décelables sur le précédent opus ont laissé place à un power metal aux touches néo-classiques avec des éléments progressifs. Sorti en 1996 chez Victor au Japon, ce disque est signé sur Massacre records qui le distribue ainsi en Europe.
« Puppet on a String » ouvre le bal avec un power metal enlevé, mélodique, qui développe une atmosphère enjouée, grâce à des mélodies soignées, un refrain agréable et une détermination communicative. L’évolution par rapport à Mental Reservation est notable. L’ensemble est un peu moins violent et agressif. C’est aussi le cas sur le lent « Frozen Under The Sun », un titre épais, mais pas réellement exceptionnel, qui tient grâce aux arrangements de guitares, mais dont le chant est parfois très limite, comme cela était déjà le cas sur l’album précédent. A l’inverse « We Start It Tomorrow » sort du lot avec son refrain finement construit, ses changements de rythmes incessants, ses apports de guitare classique et sa construction intelligente. Scanner, ou plutôt Alex Julius, fait preuve d’une vraie qualité d’écriture qui se confirme sur « The True-Stories-Teller », une jolie pièce lente qui se développe tout en nuances et permet de montrer une facette différente du groupe. La musique de Scanner s’est allégée et complexifiée, proposant des contrastes intéressants.
Ainsi, « Tollshocked » accélère le tempo pour offrir un heavy puissant, au refrain un peu simpliste, dans la lignée du speed metal allemand du milieu des années 1980. Le chant, enrobé dans de nombreux effets, n’est pas très concluant et lui fait perdre de l’impact. La production est également assez discutable, ce qui est dommage. Après un intermède, « Ball of the Damned » se présente comme le meilleur morceau de cet album, en tout cas le mieux écrit et le plus subtil. S’inscrivant dans la mouvance de Symphony X ou de Kamelot pour ce mélange de power metal et de progressif, il permet aux guitares de tisser des riffs et des harmonies ciselés avec soin. Une nouvelle fois, on peut se poser des questions sur le chant qui en fait souvent trop en laissant traîner sa voix ou manque d’impact lorsqu’il faut attaquer les parties puissantes, ce qui est vraiment dommage. « Judge on the Run » poursuit cette exploration progressive, mais avec un peu moins de brio. Si cette chanson est agréable, elle s’oublie assez vite. Son tempo médium correspond parfaitement au chant de « Haridon », ce qui n’est pas le cas pour « Innuendo », la reprise de Queen. Gorgée d’effets et d’échos, sa voix est multipliée sur de nombreuses pistes pour en atténuer les limites, mais l’auditeur n’est pas dupe. En voulant s’attaquer à plus grand que soi, le groupe rate un peu sa cible.
Ball Of The Damned est un album correct, aux ambiances intéressantes, qui contient plusieurs bonnes chansons, comme « Puppet on a String » ou « Ball of the Damned », mais qui se montre parfois maladroit. Certainement pas le meilleur du groupe.

DenisLabbe
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le 11 sept. 2020

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